Sommaire
- Matthieu 1&2 – Introduction
- Ésaïe 7.14 & Matthieu 1.23 – Le signe de l’Emmanuel
- Michée 5.1 & Matthieu 2.6 : Le nouveau David
- Osée 11.1 & Matthieu 2.15 : Je suis ton Père
- Jérémie 31.15, Matthieu 2.18 & 2.23 : La nouvelle alliance
Introduction de la série
Le saviez-vous ? Sur les quatre évangiles, sur les quatre biographies racontant la vie de Jésus, seuls deux s’intéressent aux évènements liés à la naissance de la vie de Jésus : Matthieu et Luc. En plus, ils en font des récits différents, chacun sélectionne les évènements qui l’intéressent pour développer un point de vue sur la naissance de Jésus. Luc, d’un côté, met en avant l’humilité de Jésus à sa naissance. De l’autre côté, Matthieu, met en avant Jésus le roi tant attendu[1].
Dans cette série de méditations, nous allons nous intéresser au point de vue que développe Matthieu sur la naissance de Jésus, que l’on trouve dans les deux premiers chapitres de son Évangile.
L’évènement principal autour duquel tourne l’intrigue est le complot d’Hérode pour tuer Jésus. De cette manière, Matthieu nous dépeint un portrait croisé de deux rois que tout oppose. Hérode est un roi sanguinaire qui tente d’utiliser tout ce qui est en son pouvoir pour faire assassiner son rival qui n’est alors qu’un bébé.
Hérode n’était pas considéré comme un roi légitime par les juifs, il n’était d’ailleurs même pas juif. Nous avons quelques échos de ce roi hors de la Bible. Hérode était Iduméen, un peuple vivant au sud de la Judée. Il était un roi cruel qui avait pris le pouvoir avec le soutien de Rome. Il avait épousé la fille d’un grand-prêtre pour tenter de renforcer sa légitimité mais il a fini par la faire tuer, ainsi que plusieurs autres membres de sa famille dont trois de ses propres fils, ayant peur d’un complot contre lui. L’évènement raconté en 2.16, est parfaitement cohérent avec le personnage.
À l’aube de notre ère, il y avait alors, parmi les juifs, une forte attente d’un roi légitime, descendant de David qui prendrait le pouvoir et rendrait au pays sa gloire d’antan. À cette époque, Israël n’est plus vraiment un pays indépendant, étant dirigée par un souverain à la solde des romains. L’espérance était d’autant plus forte que plusieurs prophètes de l’Ancien-Testament avaient annoncé la venue d’un roi qui restaurerait le royaume de Dieu. C’est sur ces prophéties que Matthieu va établir la légitimité du vrai roi, Jésus. Chaque étape du récit de Noël est appuyée par une citation d’une prophétie de l’Ancien-Testament démontrant que Jésus est bien ce roi attendu. Elles feront l’objet d’une méditation, chaque jour jusqu’à Noël.
Globalement, avec cette accumulation de citations, Matthieu ne s’intéresse pas à la situation de Jésus, pauvre dans une étable. Mais il s’intéresse aux évènements qui entourent la naissance de Jésus et va les associer avec les évènements clefs de l’histoire d’Israël. C’est comme si Jésus vivait l’histoire d’Israël en condensé. Mais aussi, il montre comment le plan machiavélique du souverain tyrannique est voué à l’échec car le plan du divin souverain préparé depuis des siècles s’accomplit et rien ne pourra le stopper. Noël n’est pas simplement la naissance d’un petit enfant, c’est un tournant de l’histoire du monde que Dieu a conduit comme il continue de conduire notre histoire.
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[1] Ainsi, Luc préfère mentionner la venue des bergers, considérés comme des clodos dans la société de l’époque, alors que Matthieu ne mentionne que la rencontre avec les mages venus apporter à Jésus des cadeaux royaux.