Oui, c’est l’histoire de la bénédiction du pire ennemi d’Israël et de la malédiction du plus proche collaborateur d’Élisée. Pourtant, on ne s’attarde pas assez sur le “pourquoi” de tout ça. Allons-y donc !
La solution est en bas
Naaman est lépreux et dès le début de l’histoire (1-8) on voit que les grands sont impuissants à trouver le moyen de guérir son mal alors que les petits, eux, le connaissent.
Bling bling or not bling bling ?
Quand il arrive en Israël, Naaman s’attend probablement à rencontrer un prophète charismatique qui, avec des rites impressionnants, accomplirait un miracle époustouflant. Pourtant, il ne trouve qu’un sous-fifre du thaumaturge qui lui dit de se laver plusieurs fois dans un fleuve quelconque. Le général est furieux : il n’a pas fait tout ce voyage pour vivre un truc banal, inférieur à ce qui existe dans sa Syrie natale. Mais là encore, ce sont des petits qui l’appellent à ne pas mépriser la simplicité.
Changement de d’état d’esprit
Naaman a bien fait d’écouter ses serviteurs puisque les 7 bains l’ont guéri ! Il décide donc de mettre sa foi exclusivement dans le Seigneur et il le prouve en emportant de la terre d’Israël (à l’époque on pense qu’un dieu est lié à un territoire). Pourtant, il était venu pour couvrir son guérisseur d’or ! Finalement, il repart avec ses richesse ET de la terre qu’il considère comme plus précieuse car il a adopté les valeurs d’Élisée.
Alliance rompue
Si Naaman semble avoir adopté la vision d’Élisée, Guéhazi fait exactement le contraire. Est-il devenu bassement cupide ou bien estime-t-il que les dons du syrien auraient permis d’améliorer le quotidien ? Le fait que le serviteur ait “modestement” demandé 1 seul Talents (au lieu de 10 possibles) et 2 vêtements de fête (au lieu de 10 possibles) semble nous orienter sur la 2nde possibilité. Pourtant, son maître utilise une hyperbole assez drôle : il “l’accuse” de quasiment vouloir faire fortune ! Pourquoi ? Parce que vouloir s’enrichir (même modestement) est déplacé quand on a pour mission de faire revenir à Dieu un peuple corrompu. Élisée appuie sur la différence, et donc la rupture inévitable, entre lui et son serviteur. Ils ne regardent plus dans la même direction.
Transfert de malédiction
Si l’abnégation, l’humilité et la simplicité semblaient être les valeurs qui “portent bonheur” dans ce récit, le destin de Guéhazi montre que l’inverse est aussi vrai. Naaman abaisse tous ses standards et il perd sa lèpre, le serviteur veut s’élever et il récupère la lèpre du premier.
La conséquence d’un antique épisode
Quand Élisée demande “d’où viens-tu ?” à son serviteur fautif, on se dit qu’on a déjà vue ça plus tôt dans l’Ancien Testament. La réponse évasive de Guéhazi et l’affirmation de” l’omniprésence” de son maître déjà au courant de son forfait sont les éléments supplémentaires qui nous aiguillent vers le début de la Genèse. Adam a cédé à la tentation d’en vouloir encore plus et de ne pas se satisfaire de ce qu’il avait, une malédiction s’est attachée à lui et à sa descendance. L’auteur de 2 Rois a probablement voulu montrer que Guéhazi était dans cette lignée, sa lèpre étant finalement le signe visible de son Péché intérieur.
Dans la lignée d’Élisée
Jésus, le nouvel Adam mais aussi le nouvel Élisée, a lui aussi fait la promotion de l’humilité et combattu l’ambition mal placée. Les valeurs du Royaume bouleversent celles qui sont naturelles dans un monde déchu. Ainsi, la fragilité et la vulnérabilité qui sont les conséquences d’une dépendance à Dieu sont mises en valeur alors que l’orgueil et le matérialisme sont taxés de folie.
Quelle attraction ?
Nous sommes naturellement attirés par ce qui brille, nous avons tous notre propre définition du progrès et ce passage attire notre attention sur nos motivations et surtout nos priorités. Nous pouvons mépriser de petites choses qui, à nos yeux, ne servent à presque rien ou ont très peu d’intérêt alors qu’elles sont essentielles pour Dieu. Inversement, nous pouvons perdre beaucoup de temps, d’argent et d’énergie dans des choses/activités insignifiantes pour le Royaume ! C’est justement la question que le Nouveau Testament pose fréquemment : investissons-nous dans ce qui est éternel ou bien dans le périssable ? Nous devons reconnaître que la réponse est difficile à connaître pour nous… c’est pourquoi il est très sage de la poser au Seigneur. Notre ambition, nos objectifs doivent être inspirés par Lui ! Notre action doit être commandée par Lui. N’ayons pas une vision trop belle de nous-mêmes comme l’invité de cette parabole :
Luc 14.7 Il (Jésus) adressa une parabole aux invités parce qu’il remarquait comment ceux-ci choisissaient les premières places ; il leur disait : 8 Lorsque tu es invité par quelqu’un à des noces, ne va pas t’installer à la première place, de peur qu’une personne plus considérée que toi n’ait été invitée, 9 et que celui qui vous a invités l’un et l’autre ne vienne te dire : « Cède-lui la place. » Tu aurais alors la honte d’aller t’installer à la dernière place. 10 Mais, lorsque tu es invité, va te mettre à la dernière place, afin qu’au moment où viendra celui qui t’a invité, il te dise : « Mon ami, monte plus haut ! » Alors ce sera pour toi un honneur devant tous ceux qui seront à table avec toi. 11 En effet, quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé.