Par Marion Poujol, SIR Ile-de-France
En confrontant le contenu de nos prières à celui des prières de Paul, on peut s’interroger : avons-nous les bonnes priorités, les bonnes perspectives ? Comment nous aligner sur l’exemple de Paul ?
« Pour mes résultats d’examens », « pour que je trouve un logement », « pour que j’aie moins peur d’évangéliser ». Voici les sujets principaux qui occupaient les prières de quatre étudiants fin juin. Si vos sujets ou les miens ne sont pas exactement les mêmes, il faut reconnaître que nous partageons cette tendance : une vie de prière centrée sur nous-mêmes et souvent sur des questions matérielles. Pourquoi ? Parce que les crises passagères ont tendance à éclipser nos besoins profonds et permanents ; parce que notre égoïsme, plus ou moins latent, nous cache l’importance des autres.
Le Nouveau Testament nous ouvre une lucarne sur la vie de prière de Paul. L’apôtre débute ses lettres en assurant ses destinataires de son soutien dans la prière. Ces développements sont l’occasion pour nous d’observer que les priorités de prière de Paul sont, souvent, bien différentes des nôtres.
Nous vous proposons l’étude rapide d’une prière de Paul pour les Thessaloniciens par D. A. Carson, qui étudie les prières de l’apôtre pour « y trouver des pistes qui nous permettent d’améliorer notre vie de prière, pour la gloire de Dieu et notre propre bien ».1
La structure de la prière (2 Thessaloniciens 1 : 3-12)
Paul mentionne à deux reprises le fait qu’il parle à Dieu dans ce passage : la première fois (v 3-10) où il y expose ses sujets de reconnaissance, et la seconde fois (v 11-12) où il formule ses requêtes. Ce schéma reconnaissance / requête est habituel chez l’apôtre et, s’il n’y a sans doute rien d’absolu dans cette structure, nous pouvons apprécier l’équilibre d’une prière qui commence par remercier avant de demander. Paul dit sa reconnaissance à Dieu des bienfaits reçus avant d’en solliciter de nouveaux.
Une prière orientée vers la gloire de Christ
La section de la reconnaissance, comme celle des requêtes, s’achève sur la même idée de gloire finale. Les versets 5 à 10 montrent que ce qui encourage les Thessaloniciens à progresser et fait l’objet de la louange de Paul, c’est le retour de Christ (v 7), le jugement (v 8-9) et la gloire (v 10). L‘objectif de la prière de Paul pour les Thessaloniciens, c’est que Jésus-Christ soit glorifié en eux et qu’ils soient glorifiés en Jésus-Christ (v 12).
Ce but ultime doit orienter le contenu de nos prières. En effet, si leur but est la gloire de Christ, nous allons le remercier pour tout ce qui fait avancer son royaume et nous allons prier pour ce qui va honorer Christ et donc chercher à prier selon sa volonté. Puisque sa gloire est l’objectif divin, alors nous devons nous soumettre à sa volonté, gardant les mains ouvertes pour qu’il donne ce qu’il sait être bon et juste.
Cette orientation vers le retour de Christ nous rappelle que l’accomplissement global du plan de Dieu, sa gloire, est central, même si ce n’est pas ce qui saute aux yeux. Puisque le but de tout est la gloire de Dieu, révélée notamment par la justification et la glorification des gens autour de nous, il convient de concentrer nos prières sur ces points, avec la ferme conviction que Dieu répondra.
Remercier Dieu pour ce qu’il accomplit dans la vie de ceux qui nous entourent
Paul débute sa prière en exprimant à Dieu sa reconnaissance : il a montré sa grâce aux Thessaloniciens en les faisant grandir. Comment ont-ils grandi précisément ? Leur foi a progressé, leur confiance dans le Seigneur s’est approfondie, leur amour mutuel ne cesse d’augmenter. C’est la preuve que l’amour de Christ et le pardon offert sont à la base de leurs relations. Enfin, au verset 4, ils ont persévéré au milieu des persécutions, ce qui atteste de leur maturité spirituelle. Paul considère ainsi que les Thessaloniciens ont bien compris le but de la vie chrétienne, et il partage ce sujet de joie avec d’autres églises (v 4).
Ces remerciements sont souvent éloignés de nos remerciements et requêtes quotidiens : réussite professionnelle, santé, travail, logement… Si ces sujets doivent provoquer chez nous la reconnaissance, cette prière montre que l’apôtre était centré sur l’œuvre profonde de Dieu. Ne pourrions-nous pas, à son exemple, rechercher les signes de croissance spirituelle chez nos proches, dans notre église et en faire un sujet de louange à notre Dieu qui crée le mouvement et l’être ?
Prier afin que les objectifs de Dieu pour notre entourage se réalisent
Après avoir rappelé quelle allait être la glorieuse destinée des Thessaloniciens (v 10), l’apôtre écrit « c’est pourquoi nous prions Dieu constamment ». Qu’est-ce que Paul demande pour eux qui semblent être déjà des chrétiens affermis ? Il prie pour qu’ils soient dignes de l’appel de Dieu. Les Thessaloniciens ont été appelés bien qu’ils soient indignes et Paul demande maintenant au Seigneur de les rendre digne d’être appelés « enfants de Dieu », de leur permettre d’être à la hauteur de ce statut qui leur a été offert par grâce. Ensuite Paul demande au Seigneur de faire aboutir toutes les bonnes volontés, c’est-à-dire que tous leurs projets de faire le bien, qui sont dictés par leur foi, puissent aboutir. Voilà donc ce que Paul demande. Aucune considération matérielle, pas même une requête pour la fin de la persécution à Thessalonique : Paul oriente toutes ses demandes vers les objectifs qu’il sait être ceux du Seigneur.
Comment suivre ce modèle dans notre intercession pour les autres ? Méditer la Parole pour découvrir toujours plus profondément quels sont les objectifs de Dieu pour les gens autour de nous et prier dans ce sens, habités par cette envie de voir le Seigneur glorifié dans notre entourage et notre entourage glorifié en lui.
1D. A. CARSON, La prière renouvelée, Excelsis, coll. Sel et Lumière, 2005, p.8