CHUTE DE PROPHÈTE
Un vieux prophète trop seul
Béthel était devenu un sanctuaire totalement souillé par l’idolâtrie, à l’image de tout le royaume du nord. Pourtant, il restait encore des prophètes fidèles à l’Éternel et ce passage nous en montre un. Il est vieux, il se sent sûrement très seul car beaucoup de ses anciens collègues ont dû se « reconvertir » dans la nouvelle religion instituée par Jéroboam. Alors quand un de ses fils lui raconte qu’un véritable prophète de l’Éternel vient de faire un coup d’éclat devant le roi, il veut absolument le rencontrer ! Ce désir est tellement fort qu’il est prêt à mentir pour qu’il accepte son invitation.
Les raisons de la désobéissance
Au v.16, le prophète cite exactement les recommandations de l’Éternel, preuve qu’il s’en rappelle encore et qu’il sait pertinemment qu’il doit refuser l’invitation du vieux prophète. Alors pourquoi a-t-il cédé ? Trois raison qui peuvent l’expliquer (sans l’excuser) :
- Après son « exploit » face à Jéroboam il devait être dans un état qui mêlait euphorie, nervosité et fatigue. Difficile de garder les idées claires quand on a vécu un affrontement aussi intense.
- Il a « baissé sa garde » parce que l’invitation ne venait pas d’un infâme idolâtre mais d’un collègue respectable. Le problème c’est que même les gens de confiance commettent de lourdes erreurs et peuvent être des pièges pour ceux qui les écoutent sans être vigilants.
- Il a cru qu’un ange était venu faire une exception à la règle de départ. Pourtant si Dieu avait donné un ordre si précis, pourquoi l’aurait-il abrogé ? Le prophète devait le savoir : Il n’a pas l’habitude de se contre-dire !
Dénouement troublant
À la fin du v.19, on aurait pu s’attendre à ce que le « vieux prophète menteur » soit puni et que le « prophète-héros » soit simplement repris. Mais au lieu de ça, ce dernier est carrément condamné à mort alors que l’autre est utilisé par Dieu pour délivrer la condamnation ! Il faut donc faire trois remarques :
- De par son statut spécial de prophète et le caractère exceptionnel de la révélation qu’il avait reçu, il ne faut probablement pas être étonné de la sévérité de la sentence : ce « héros » a désobéi à un ordre direct clair de son « chef divin » ! On peut d’ailleurs comprendre dans la manière d’appliquer le châtiment que Dieu a réservé un traitement spécial à son serviteur puisque le lion s’est uniquement chargé de l’exécution sans manger ni lui ni son âne (28).
- Le mensonge du vieux prophète n’était pas un acte malveillant mais plutôt égoïste. Bien sûr, sa responsabilité est engagée… mais bien moins que celle de son homologue. Et puis son attitude vis à vis de la dépouille de son collègue confirme qu’il avait menti parce qu’il admirait vraiment le serviteur de Dieu et qu’il regrette ce qui s’est passé.
- La personne que l’auteur du livre des Rois a choisie de mettre en lumière ici c’est le « prophète-héros », pas le vieux prophète. C’est la raison pour laquelle il y a peu de détails sur les motivations et le reste de la vie de ce dernier.
Application
→ Nous ne sommes jamais plus fragiles qu’après une victoire spirituelle. En effet le diable sait se servir de ces moments où nous nous relâchons, pensant que le combat est passé. N’oublions pas que la course de la foi (philippiens 3.12-16) ou la lutte spirituelle (Éphésiens 6.10-20) c’est tout le temps ! Alors soyons vigilants.
→ Nous devons reconnaître que devant une tentation nous sommes nous aussi prêts à dire ou croire n’importe quelle histoire trompeuse… parce que nous désirons pécher ! Nous devons arrêter de ne penser qu’à nos intérêts au détriment de ceux de Dieu (cf. le prophète-héros) ou de nos frères (cf. le vieux prophète). Demandons que l’Esprit Saint nous donne la force d’aimer assez le Seigneur et notre prochain pour être leur serviteur.
→ Il faut prier pour nos responsables spirituels car, comme le prophète-héros, ils oscillent très souvent entre des situations extraordinaires où tous leurs sens sont stimulés et un quotidien banal qui pourrait passer pour fade. Ils sont donc particulièrement exposés aux baisses de vigilance et donc… aux attaques de l’ennemi.