Cette lettre a été écrite par Paul à Éphèse (16.8,9,19 pendant son troisième voyage missionnaire (cf. Ac 19.10), vers 56 ou 57 de notre ère. Il faut avoir présent à l’esprit, quand on lit cette épître, ce que représentait à l’époque cette grande ville grecque de Corinthe – avec son orgueil intellectuel, son idolâtrie et son immoralité, son commerce dynamique et sa vie trépidante. Le but de la lettre était d’une part de répondre à des questions posées par lettre à Paul par les Corinthiens (7.1 ; 8.1 ; 12.1), et d’autre part de gérer des problèmes décourageants dont il avait entendu parler concernant des factions dans l’église de Corinthe ainsi que d’autres dysfonctionnements (1.11 ; 5.1 ; 6.1 ; 11.8, 20).
Paul avait déjà écrit au moins une lettre aux Corinthiens (5.9). On verra dans l’analyse que la lettre traite essentiellement de questions de moralité pratique, et c’est là que réside son intérêt pour les chrétiens tout au long de l’histoire. Mais ces questions ne sont pas traitées sur la base d’une analyse psychologique, mais bien sur la base de la relation à la personne de Dieu. Par exemple, l’esprit de division est mauvais parce que le salut ne s’obtient pas par l’excellence intellectuelle mais par une foi humble, et parce que les serviteurs de l’évangile de Dieu ne sont que des serviteurs, responsables envers lui. De même, l’immoralité souille le temple du Saint-Esprit : c’est un mauvais usage fait d’un bien que le rédempteur s’est acquis par son sang. Paul pose plusieurs principes concernant les viandes offertes aux idoles : premièrement, que notre liberté ne doit pas blesser le frère pour lequel Christ est mort, et deuxièmement, que l’on ne peut pas prendre part à la fois à la table du Seigneur et à la table des démons. Ainsi, dans le domaine moral comme dans le domaine doctrinal, la grande vérité qui se dégage est que le christianisme, c’est Christ. De plus, ces principes qui guident l’attitude de Paul dans la lettre ont une valeur permanente : ils peuvent et doivent guider nos propres actions quand nous sommes confrontés à des problèmes, qui bien que différents dans leur forme extérieure, posent les mêmes questions spirituelles fondamentales. La lettre contient un ou deux des plus beaux passages de tout le Nouveau Testament : la belle description de l’amour chrétien au chapitre 13, et la défense et l’explication de la doctrine de la résurrection au chapitre 15.
Plan
1.1-9 Introduction.
1.10-4.21 Divisions dans l’église.
1.10-2.16 L’esprit de factions repose sur l’orgueil intellectuel qui est contraire à l’essence de l’évangile. Il existe une sagesse céleste, mais l’homme naturel ne peut pas la comprendre.
3.1-4.8 Les serviteurs de l’évangile ne sont pas des chefs de partis mais des serviteurs de Dieu. Ils sont responsables envers lui et leur travail est soumis à son évaluation.
4.9-21 Exemple apostolique de l’humilité et de la patience, qui n’exclut pas l’autorité apostolique.
5-6 Désordres moraux dans l’église.
5 Jugement d’un grand fautif, exposition de règles de discipline.
6 Interdiction aux chrétiens d’avoir recours aux tribunaux païens contre d’autres chrétiens. La base spirituelle de la pureté de vie
7 Mariage et célibat : réponses à des questions posées.
8.1-11.1 La viande offerte aux idoles : principes qui doivent guider l’attitude du chrétien.
8 L’amour limite la liberté personnelle.
9 L’exemple de Paul. Application à sa propre vie des principes énoncés.
10.1-11.1 Pas de compromis avec l’idolâtrie.
11.2-34 Dysfonctionnements dans les réunions d’église.
11.2-16 Règles de conduite pour les femmes dans l’église.
11.17-34 Dénonciation de la profanation de la sainte cène.
12-14 Les dons spirituels.
12 Il faut éviter de privilégier certains dons, même si, malgré tout, il existe entre eux une hiérarchie.
13 L’amour est plus grand que tous les dons spirituels.
14 Il faut rechercher le don de prophétie plus que celui de parler en langues : la considération primordiale doit rester l’édification de l’Église du Christ.
15 La résurrection, celle de Christ et celle de son peuple.
16 La collecte pour les saints. Conclusion.