Jérémie était originaire d’Anatoth, une petite ville à 5 km au nord-est de Jérusalem. Le père de Jérémie était prêtre, sûrement un descendant d’Abiatar (cf. 1 R 2.26), et la famille possédait des propriétés à Anatoth (32.8). Les concitoyens de Jérémie faisaient partie de ceux qui se liguèrent contre lui en cherchant à le tuer (11.21).
Né probablement vers la fin du règne de Manassé, Jérémie vécut pendant les règnes de Josias (31 ans), Yoahaz (3 mois), Yehoyaqim (11 ans), Yehoyakîn (3 mois) et Sédécias (11 ans).
Son ministère prophétique dura 40 ans, à partir de son appel en 626 av. J.-C., la treizième année du règne de Josias, jusqu’à la chute de Jérusalem en 587 av. J.-C. (1.2-3). Des cinq rois, Josias fut le seul fidèle à Dieu. Yehoyaqim fut hostile à Jérémie et Sédécias, bien qu’il soit favorable, fut faible et instable. Sous les rois Josias et Sédécias, Jérémie endura un grand nombre de souffrances physiques entre les mains de ses ennemis. Sa vie, cependant, fut préservée, et après la chute de Jérusalem, il fut autorisé à rester avec les quelques survivants dans le pays et fut amené avec eux en Égypte (43.4-7).
Dans les premières années de son ministère, bien que sa situation fût plus facile, Jérémie souffrit un grand conflit mental, révélé dans des séries de monologues dans lesquels il se bat pour accepter le poids de l’appel prophétique et le message. Il voyait de plus en plus clairement que la nation était entièrement corrompue, et que le jugement était imminent. Les faux prophètes, qui criaient « Paix ! Paix ! », trompaient le peuple (8.11 ; 14.13-14). Le caractère inévitable du désastre à venir remplit le cœur de Jérémie de consternation et de peine. C’était comme si Dieu annulait son alliance et se débarrassait de son peuple, et si cela devait se produire, quel espoir resterait-il ? Cependant, Dieu, révéla à Jérémie qu’il avait prévu « un avenir et une espérance » au-delà du jugement, et qu’il ferait une nouvelle alliance d’un genre différent, dans laquelle il donnerait au peuple un nouveau cœur et mettrait la crainte au plus profond d’eux-mêmes. L’espoir de cet avenir glorieux permit à Jérémie de tenir bon quand il assistait à l’agonie d’une nation qui mourait, et qu’il souffrait avec elle. Par conséquent, la personnalité de Jérémie est une des plus marquantes parmi tous les prophètes de l’Ancien Testament , et donne un caractère particulier à ce livre.
Jérémie fut envoyé comme prophète non seulement pour Juda mais aussi pour les nations (1.5, 10), et il garda en permanence à l’œil ce qui se passait parmi les peuples environnants. Sous le règne de Josias, le pouvoir de l’Assyrie déclinait, et l’Égypte, tout comme Babylone, cherchait à profiter de cette situation à des fins personnelles. Trois événements touchèrent particulièrement le royaume de Juda et influencèrent profondément la vie et la manière de penser de Jérémie. Le premier événement fut la prise de Ninive et de l’Empire assyrien par Babylone (612-609 av. J.-C.), le deuxième fut la bataille de Meguiddo, quand le roi Josias fut tué (608 av. J.-C.), et le troisième fut la bataille de Karkemich, quand le pharaon Néko d’Égypte et Neboukadnetsar de Babylone se sont opposés de front – bataille remportée par les armées babyloniennes (605 av. J.-C.). À partir de ce moment-là, Jérémie reçut la conviction que la suprématie de Babylone durerait pour de nombreuses années, et il comprit qu’il serait sage pour Juda de se soumettre à Babylone. En proclamant cela avec hardiesse, il fut considéré aux yeux de beaucoup comme un traître à sa propre nation, et il souleva une grande opposition et une inimitié contre lui-même. Mais son attachement à Dieu et son dévouement envers ses concitoyens se voient à chaque page, bien que de temps en temps il éclate en cris passionnés pour obtenir vengeance par rapport à ses persécuteurs.
Les prophéties ne sont pas toutes données dans un ordre chronologique. Dans certaines d’entre elles, il est fait mention du roi qui régnait quand elles furent prononcées, mais dans d’autres la date doit être estimée en fonction du contenu. Ce qui suit peut être considéré comme un guide approximatif :
Le règne de Josias : 1-6.
Le règne de Yehoyaqim: 7-20, 22, 25-26, 30-31, 35-36, 45.
Le règne de Sédécias : 21, 23, 24, 27-29, 32-34, 37-39.
Plan
1 Appel de Jérémie.
2-6 Le péché d’Israël. Appel à la repentance. L’ennemi qui vient du nord.
7-10 À la porte du temple. Prophéties sur le jugement. Tristesse de Jérémie.
11-12 L’alliance rompue. Plainte de Jérémie et réponse de Dieu.
13 La ceinture de lin et d’autres prophéties.
14-15 La sécheresse. Les plaidoyers de Jérémie et la réponse de Dieu.
16-17 Interdiction pour Jérémie de se marier, comme un signe du jugement à venir. Autres prophéties.
18-20 À la maison du potier ; le vase brisé. L’incident de Pachhour. La plainte de Jérémie.
21 Réponse à Sédécias au début du siège.
22 La destruction de la maison royale de David.
23 Les bergers infidèles et les faux prophètes.
24 Les deux paniers de figues.
25 Les 70 ans de captivité.
26 Dans la cour du temple. La vie de Jérémie est préservée.
27-28 « Servez le roi de Babylone, et vous vivrez. » L’incident de Hanania.
29 Lettre de Jérémie aux exilés à Babylone.
30-33 Le livre de la consolation. Prophéties d’espérance.
34 La captivité de Sédécias annoncée.
35 La fidélité des Rékabites.
36 Yehoyaqim brûle le rouleau des prophéties de Jérémie.
37-38 L’emprisonnement de Jérémie. La citerne. La délivrance.
39 La chute de Jérusalem.
40-43 Jérémie est laissé dans le pays. Ses dernières prophéties avant d’être emmené en Égypte.
44 La prophétie aux Juifs en Égypte.
45 Message à Baruch.
46-51 Prophéties contre les nations environnantes.
52 Appendice historique.