1 Pierre 2.11-12 : Penser vrai, agir juste et vivre beau !

1 Pierre 2.11-12 : Penser vrai, agir juste et vivre beau[1] !

Les lettres du Nouveau Testament n’exhortent pas les communautés chrétiennes à évangéliser, au sens d’annoncer explicitement la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. C’est seulement le cas pour des personnes comme Timothée (2 Tm 4.5) ou une catégorie de personnes appelées « évangélistes » (Eph 4.11). L’apôtre Paul reconnaît en cela un ministère spécifique confié à certains (1Cor 9.16-17).

 

Si les chrétiens ne sont pas exhortés à évangéliser, que doivent-ils faire ?

Dans sa 1ère lettre, l’apôtre Pierre livre deux recommandations qui rappellent et synthétisent ce que Paul enseigne dans ses écrits (notamment Col 4.5-6). La première est formulée de manière négative – ne pas céder aux désirs de l’homme livré à lui-même (1 P 2.11) – et la seconde de manière positive – adopter une bonne conduite au milieu des païens (1 P 2.12). Développons ces affirmations.

1) S’abstenir des désirs de la nature propre, c’est dire « non » à l’ancienne nature, ne plus succomber aux désirs de l’homme rebelle à Dieu, ignorant, insensé et méchant (1 P 1.2, 14, 18 ; 2.1). L’homme livré à lui-même croit qu’il est maître de lui-même, qu’il n’a pas besoin de Dieu et de l’autre ; ce qui révèle un incontestable orgueil, le désir d’indépendance et engendre toutes sortes de maux. Pour Pierre, le chrétien doit combattre contre lui-même dans le but d’amener à la transformation l’être tout entier. Rendu possible par l’œuvre de Dieu en Jésus-Christ (1 P 1.3 ; 2.4), ce combat en vaut la chandelle puisqu’il conduit au second point.

2) En remplacement d’une vie dépourvue de sens, Pierre préconise de cultiver une vie tournée vers Dieu et vers l’autre. Cette nouvelle vie est rendue visible quand on se conduit avec sagesse dans nos relations avec les gens du dehors. Ces derniers remarqueront ainsi la belle conduite des chrétiens et loueront Dieu le jour où il interviendra dans leur vie (1 P 2.12). La bonne conduite du chrétien devient comme une fenêtre par laquelle le non-croyant constate qu’il y a mieux et qu’il y a plus que ce que le monde peut proposer.

Les versets qui suivent (1P 2.13-3.22) mettent justement en scène plusieurs cas concrets. Ils traitent de la soumission et illustrent admirablement l’exhortation de l’apôtre : la soumission des chrétiens aux autorités, la soumission des esclaves à leur maître, la soumission des femmes à leur mari puis celle des maris à leur épouse. Puis le texte conclut avec la soumission exemplaire du Christ à Dieu dans sa souffrance. La soumission dont il est question ici ne consiste pas à fermer sa bouche ou se laisser faire. Par ailleurs, il ne s’agit pas de répondre au mal par le mal ou la menace. C’est une forme de résistance dans la soumission[2] : pratiquer le bien que Dieu veut et s’en remettre au juste juge malgré le prix des difficultés à subir et des souffrances injustes à endurer. Le but final est l’obéissance à Dieu et la recherche de sa gloire qui passe par notre conversion et celles des incrédules. En résumé, l’apôtre invite à une soumission lucide (par crainte et conscience de Dieu) et constructive (pour le salut du prochain) dans chacun des cas présentés.

Pour Pierre, la vie chrétienne ne consiste pas d’abord à partir en mission, prêcher, organiser des campagnes d’évangélisation, conduire la louange ou même préparer une discussion autour de la Bible. Il s’agit de vivre et d’assumer sa foi à chaque instant de la vie. Puis, si on nous demande pourquoi on croit, on défendra verbalement et explicitement l’espérance qui est en Jésus (1 P 3.15).

L’apôtre ne fait-il pas preuve ici d’un juste discernement concernant l’attitude à adopter pour les chrétiens de son temps ? Il écrit à des chrétiens qu’il considère comme « étrangers » et « résidents temporaires » traversant un monde semé d’épreuves et de tentations (1 P 2.11 ; 1.6-7). Dans le contexte de la lettre, les églises étaient persécutées et ne pouvaient sans doute pas publiquement annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus. Et ce n’était certainement pas la meilleure attitude à adopter face à la persécution. Ne valait-il pas mieux, comme l’écrivait l’apôtre Jacques, montrer sa foi par ses actes (Jc 2.18 ; 1.12) : persévérer et tenir ferme dans l’épreuve ?

La question se pose alors pour nous. Dans un pays pensant connaître Jésus-Christ ou blasé par les violences des conflits politico-religieux, ne vaut-il pas mieux d’abord agir de manière mémorable avant de professer de belles paroles ou idées ? Gagner le droit à la parole ou le droit de se faire écouter est une nécessité. Dans notre environnement familial, au travail ou à l’école, les diverses occasions où le chrétien peut témoigner par sa belle conduite sont bien présentes. N’est-ce pas ainsi que commence et s’opère la mission pour tous ?

Conclusion

« Penser vrai, agir juste et vivre beau ». Le défi quotidien est le suivant : VIVRE EN ASSUMANT SA FOI. Il nous faut scruter la Parole pour penser vrai puis prier Dieu pour agir juste et vivre beau. Face aux situations qui se présentent à nous, comment et quelle attitude de soumission lucide et constructive adopter ?

Si les communautés chrétiennes d’aujourd’hui comprennent et incarnent l’exhortation de Pierre, ce n’est plus une poignée de personnes mais le corps tout entier qui se met en marche pour accomplir la mission. Tous les chrétiens deviennent des missionnaires appelés à vivre leur foi là où ils vivent, étudient, travaillent et ont accès. Dieu n’utiliserait-il pas le témoignage vivant de sa Parole pour amener à lui celles et ceux qui le cherchent ?

Aux Groupes Bibliques Universitaires (GBU), chaque étudiant est missionnaire sur son campus. La mission ne repose pas sur le responsable local, un équipier ou un programme d’activités mais sur les étudiants eux-mêmes qui en sont les piliers et les acteurs. Les étudiants sont formés, équipés et mis à contribution. Ils organisent des activités ponctuelles d’évangélisation qui ne viennent que compléter un noble labeur réalisé en amont : le combat personnel de la transformation de l’être pour la mise en œuvre quotidienne d’une bonne conduite.

Combattons le bon combat de la foi, saisissons la vie éternelle (1 Tm 6.12) comme le prescrivait Paul à son disciple Timothée.

Paul Yang

[1] Phrase tirée de l’article « Le business des Instituts cathos », consultable à l’adresse suivante http://www.lexpress.fr/education/le-business-des-instituts-cathos_984327.html

[2] Voir la note commentée de 1 P 2.19 de la Bible d’étude version du Semeur 2000, p. 1917.

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