Partout en France, les musées regorgent d’œuvres religieuses. Néanmoins, ce ne sont pas en général des hauts-lieux pour partager l’Evangile ! Et pourtant, parler de Dieu à partir d’une œuvre d’art peut constituer un moyen fort d’échanger sur le cheminement spirituel de certains des plus grands esprits, sur le message de la foi, sur le sens de l’existence, etc.
Voici un exemple : la Piéta de Florence. Une des toutes dernières sculptures de Michel-Ange, peintre, poète, architecte et sculpteur. Un artiste hors-pair qui a témoigné de sa relation avec Jésus à travers maintes œuvres et poèmes.
Inachevée, cette piéta fut sculptée par Michel-Ange pour son propre tombeau. Ici, ce n’est pas seulement Marie qui soutient le Christ mort, comme dans toutes les représentations classiques de cette scène, mais en première place, Joseph d’Arimathie.
Qui est donc ce personnage ? Présent dans les évangiles, Joseph d’Arimathie est un homme aisé et respecté dans sa communauté. Il risque sa réputation pour offrir son propre tombeau à Jésus. En agissant ainsi, il offre à Jésus la place la plus honorée qu’il peut. C’est un acte irrévocable et public. Cet acte risque de le mettre en porte-à-faux avec ses pairs, sa famille et tous ceux qui le respectent. Il offre à Jésus son amour et l’honore dans sa mort, malgré ce que cela pourrait lui coûter dans son orgueil ou son statut dans la société. C’est un sacrifice de grande valeur et une déclaration publique de son allégeance.
Et pourtant, regardez bien le visage de Joseph, car ce visage, n’est rien d’autre que l’autoportrait de Michel-Ange. Ici, il me semble qu’on touche à une énigme. Premièrement, pourquoi Michel-Ange cherche-t-il à se représenter comme Joseph d’Arimathie et deuxièmement, pourquoi souhaite-il que ce soit cette image-là, et pas une autre, qui orne son tombeau ?
En se représentant sous les traits de Joseph, est-ce que Michel-Ange ne chercherait pas lui aussi à honorer Celui qui s’est sacrifié pour lui en lui témoignant, devant les hommes et devant Dieu, son amour et sa reconnaissance ? En effet, ce n’est pas Michel-Ange et son génie qui est thème central de ce tombeau, mais bien le Christ crucifié. L’œil est immédiatement attiré vers le corps de Jésus et vers son visage. La sculpture tombale de Michel-Ange est un hommage au Christ et non à lui-même. Comme Joseph d’Arimathie l’avait fait avant lui, Michel-Ange substitue Jésus à sa propre personne, lui offrant ainsi toute la gloire. Pour un homme aussi célèbre (il était considéré comme un demi-dieu par ses contemporains) et conscient de son propre génie que l’était Michel-Ange, cet hommage et cette déclaration publique représentent incontestablement un choix d’humilité et d’amour.
Voici le témoignage d’un artiste qui, à la fin d’une vie tumultueuse et tourmentée, a tout livré, tout remis, à son maître et créateur. Clairement, il avait découvert quelque chose qui avait plus de valeur que la gloire, la célébrité et l’argent. N’est-ce pas un message qui traverse les temps et les lieux et qui mérite d’être partagé ?
Julie Delacôte, Coordinatrice Régionale des GBU de la région Sud-Ouest