par David Brown
À la lumière de plusieurs exemples bibliques, David Brown nous aide à comprendre ce qu’est l’apologétique.
L’évangélisation est toujours une proclamation de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, soit verbalement soit par écrit. Dans son livre L’évangélisation dans l’Église primitive, Michael Green écrit : « En résumé l’évangélisation, c’est la proclamation de la Bonne Nouvelle du salut aux hommes et aux femmes, en vue de leur conversion à Christ et de leur insertion dans l’Église ».
Mais il ne suffit pas de parler ! Il ne s’agit pas de verser nos idées dans un verre vide : la personne en face de nous a déjà la tête remplie d’autres conceptions de la vie. Et auxquelles elle ne veut pas renoncer facilement pour toute une gamme de raisons. Jésus l’a rappelé en disant : « Ne jetez pas vos perles devant les pourceaux » (Matthieu 7.6).
Tout cela explique sans doute l’accent placé dans le Nouveau Testament sur l’évangélisation en réponse aux questions posées aux chrétiens.
- « Que votre parole soit toujours empreinte de la grâce de Dieu et pleine de saveur pour savoir comment répondre avec à-propos à chacun » (Colossiens 4.6).
- « Mais sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur, étant toujours prêt à vous défendre avec douceur et respect, devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous » (1 Pierre 3.15)
Quand on cherche à vivre pour Jésus, notre entourage va vouloir savoir pourquoi nous avons fait ce choix, et quelles sont les raisons qui nous ont amenés à nos convictions. Selon ces textes écrits par Paul et Pierre, il est important de répondre de la bonne façon (« avec douceur et respect ») pour expliquer notre foi, avec à-propos et en parlant un langage « plein de saveur ». Les anciennes versions de la Bible traduisaient « assaisonné de sel », et on sait que le sel donne soif : autrement dit notre interlocuteur va vouloir en savoir plus et poser d’autres questions. Après tout, qui est capable de manger un seul Pringles ?
Le mot « défendre » que l’on trouve dans 1 Pierre 3.15 (apologia en grec) nous donne le mot technique en français « apologétique ». Selon l’excellent livre d’Alister, McGrath Jeter des Ponts, cela signifie :
- « défendre de façon raisonnable la foi chrétienne »
- « une présentation et une défense de sa prétention à être vraie et pertinente sur le grand marché des idées »
L’apologétique chrétienne efficace est donc un plaidoyer qui s’appuie sur une bonne connaissance de son public. L’apôtre Paul nous en donne un bon exemple dans le livre des Actes. Il adapte la manière de présenter son message à son auditoire selon le principe qu’il énonce lui-même dans 2 Corinthiens 9.20 – 22 : « Avec les Juifs, j’ai été comme Juif, afin de gagner les Juifs; (…) avec ceux qui sont sans loi, comme sans loi (..) , afin de gagner ceux qui sont sans loi. Je me suis fait tout à tous, afin d’en sauver de toute manière quelques-uns. »
Nous observons cette démarche de Paul dans trois situations différentes.
-Antioche de Pisidie (Actes 13) : Paul s’adresse à des Juifs, dans la synagogue, en citant abondamment l’Ancien Testament pour démontrer que Jésus est le Messie attendu.
-Lystre (Actes 14) : Paul s’adresse à des paysans, sans jamais citer la Bible, pour démontrer que c’est Dieu qui est le créateur, qui leur donne la joie et la nourriture, et qui leur demande maintenant de se détourner des idoles.
-Athènes (Actes 17) : Paul s’adresse à un auditoire instruit, dans la capitale intellectuelle de l’empire romain. Il utilise la pensée abstraite, il cite leurs propres auteurs, mais il annonce malgré tout le jugement dernier.
De la même façon, dans la France d’aujourd’hui, il faudra comprendre suffisamment nos contemporains pour les rejoindre dans leurs préoccupations et leur expliquer la bonne nouvelle. Au niveau des étudiants, cela implique la nécessité de répondre aux questions suscitées par leurs études par rapport à la « religion ».
Concrètement cela commence par les arguments logiques soit pour favoriser l’acceptation de la foi chrétienne soit pour répondre aux objections. Il faut toujours être prêt, comme on l’a vu, pour glisser une idée dans une conversation, car seuls les orateurs invités pour des conférences ont le privilège de développer une réflexion approfondie ! Mais il ne faut pas sous-estimer la valeur d’une petite phrase prononcée avec à-propos.
Ensuite à un certain stade de la conversation (ou de la relation) avec quelqu’un, il me semble important de chercher à expliquer le fond de nos convictions. Sinon, nos réponses à des questions sur la souffrance ou sur les différentes religions ou sur la conversion n’auront aucun sens. Et nos explications ne seront comprises que dans la mesure où elles correspondent aux catégories de pensée de notre interlocuteur. « Eux, ils sont du monde : aussi parlent-ils le langage du monde et le monde les écoute » (1 Jean 4.5). Au moment opportun, le témoignage exige que l’on raconte le récit explicatif de la condition humaine selon la Bible et la solution en Jésus-Christ. Mais il faut l’accompagner par la prière car on entre sur un terrain qui touche la rébellion humaine.
Toutefois l’apologétique, la défense de la foi, ne se réduit pas aux paroles. Un troisième aspect concerne la vie individuelle et communautaire des croyants. La cohérence de notre vie et de notre foi peut avoir un grand impact auprès des autres. Comme Paul l’a écrit à l’Église de Corinthe : « Vous êtes notre lettre (…) connue et lue de tous les hommes » (2 Cor 3.2).
Notons enfin qu’il ne faut pas oublier l’apport culturel dans l’apologétique. Les arts peuvent communiquer nos raisons de croire de façon à toucher les cœurs et les consciences.
N’ayons pas peur du plaidoyer intelligent !
Important :
Les GBU ont un site Internet apologétique : www.questionsuivante.fr. Ce site permet de répondre aux grandes questions de la vie et se forger une une opinion éclairée sur la foi chrétienne et sur la Bible.
j’ai aimé ce groupe énormément.
que Dieu vous bénisse