Note pour l’animateur : Il est recommandé à l’animateur de lire l’introduction à l’épître de Paul aux Romains ici.
Étude réalisée en avril 2005 dans la série de canevas sur l’épître aux Romains.
Note pour les animateurs
Comme l’argument de ce texte est assez fin à certains niveaux, je survole ce qui me semble l’essentiel du passage. Cette introduction n’est pas à redonner comme une prédication, mais plutôt pour t’aider à naviguer dans le passage, et ensuite pour mieux animer la discussion, ayant une idée peut-être plus claire du texte.
Sous la 5ème république, la France a parfois connu des cohabitations politiques très tendues avec un président d’un côté du paysage politique et un gouvernement de l’autre côté. Le chapitre 7 a commencé à parler d’une ” cohabitation ” difficile cette fois-ci dans la vie du chrétien, car il a dorénavant deux principes qui agit en lui : d’une part un désir de faire la loi de Dieu, et d’autre part une compulsion de faire l’opposé de cette loi, poussé par le péché qui habite ” dans mes membres ” (7.23). Au chapitre 8, face à cette situation désespérante, d’une part Paul rassure, en donnant des raisons magnifiques d’assurance devant Dieu (v. 1-4 et 15-17), et en détaillant les raisons pour cette ” cohabitation ” difficile, tout en expliquant à quel côté nous devrions donner raison dans nos vies de tous les jours (v. 5-14). De plus il identifie les deux parties de la cohabitation comme étant ” la chair ” (approximativement la ” nature pécheresse “) et l’Esprit. Romains 7 et 8 sont donc les clés pour comprendre à quoi ressemble la vie chrétienne normale.
À lire les vv 5-8, on dirait qu’une cohabitation serait impossible entre la chair et l’Esprit, car les tendances de la chair et de l’Esprit sont diamétralement opposées. C’est aux versets 9-11 où Paul explique comment cela se fait que la cohabitation existe, et que c’est temporaire. Le chrétien, ayant l’Esprit, n’est plus sous l’emprise de la chair (v. 9). Pourtant, il a toujours la chair en lui – ce qui est communiqué par son affirmation concernant le corps et l’esprit du chrétien (v. 10). Or, le corps est lié de manière proche à la chair comme le parallélisme du v. 13 l’indique (voir aussi la présentation du péché qui ” habite dans mes membres ” – 7.23 et le cri d’être délivré ” de ce corps de mort ” qui le mène vers le péché – 7.24). Mais cette cohabitation temporaire arrivera à sa fin avec la résurrection du corps (v. 11). Alors nous n’aurons plus la présence de la ” chair ” dans notre nouvel corps. Comme ceci est notre futur, nous devrions donner raison plutôt à l’Esprit (en nous donnant à la justice) qu’à la chair (v. 12-14). Le plan suivant résume les axes principaux du passage :
- v. 1-4 : assurance totale (plus de condamnation).
- v. 5-8 : contraste total entre les tendances de ceux qui vivent selon la chair et ceux qui vivent selon l’Esprit.
- v. 9-11 : un décalage temporel est la raison pour la cohabitation de l’Esprit et de la chair, car alors que notre esprit est vivant, notre corps est mort (à cause de la chair en nous) en attendant la résurrection de notre corps ce qui éliminera la chair de notre vie corporelle.
- v. 12-14 : opposition mortelle aux oeuvres de la chair par l’Esprit.
- v. 15-17 : assurance totale (enfants de Dieu).
Le décalage temporel se voit aussi au verset 3 où Paul dit que le Fils ” a condamné le péché dans la chair “. Or, une sentence de condamnation ne veut pas dire que le péché dans la chair soit déjà mort, mais plutôt qu’il est dans le couloir de la mort, en attendant d’être mis à mort définitivement lors de la résurrection du corps (v. 11, cf. aussi 8.23 où la rédemption de notre corps sous-entend une rédemption vis-à-vis du péché dans la chair).
À quoi ressemble donc la vie chrétienne normale ? C’est une lutte entre les désirs de la chair et ceux de l’Esprit où le chrétien doit donner raison aux désirs de l’Esprit. Ceci représente un conflit dur, suggéré par l’injonction de faire ” mourir les actions du corps ” (v. 13). C’est une lutte difficile pour le chrétien, certes, mais il a un statut devant Dieu qui est hors pair (v. 1-4 ; 15-17).
QUESTION D’INTRODUCTION
Chaque chrétien(ne) doit faire face au problème du péché dans sa vie. À quoi devrait-il/elle s’attendre ? Prenez par exemple cette affirmation :
” L’essentiel de la vie chrétienne est de laisser agir l’Esprit : c’est facile ! “
Que pensez-vous de cette déclaration ? Pensez-vous qu’elle soit juste ?
Sinon, à quoi ressemble à votre avis la vie chrétienne ” normale ” ?
Quelles en sont les conséquences pour sa vie (v. 12-14) ?
Quelle est la part de l’Esprit et quelle est notre part en cela ?
Que pouvons-nous conclure concernant le degré de difficulté de notre action compte tenu de l’expression ” faites mourir les actions du corps ” (v. 13) [Là il faut viser une discussion ouverte, où l’animateur ne donne ni raison ni tort aux avis exprimés. Le texte peut faire cela dans la suite.]
LECTURE DU PASSAGE
Résumer ou demander à quelqu’un de résumer l’essentiel de Romains 7 avant de passer à la lecture de Romains 8.1-17. [Il sera mieux de ne pas utiliser une ‘paraphrase’, c’est pour cela que le texte du passage selon la traduction à la ” Colombe ” suit ce canevas. Tu pourrais en faire quelques copies pour le groupe]
Termes à clarifier :
Esprit : l’Esprit de Dieu en venant dans la vie du chrétien l’unit avec le Christ pour que les bien-faits de sa mort et de sa résurrection soient les siens. De même il change la pensée du chrétien pour qu’il désire faire la loi de Dieu
OBSERVATION ET INTERPRÉTATION
Au verset 1, c’est le chrétien qui n’est plus condamné, et au verset 3 c’est le péché qui est condamné dans la chair :
- Quel est le lien entre ces deux états ?
- Quelle en est la base ?
- Si le péché a été condamné dans la chair par la mort de Jésus, est-ce que le péché dans la chair est déjà mort, ou est-ce que sa ” mort ” (son élimination) est toujours future ? [Là il faut peser le sens du champs sémantique ” condamner ” / ” condamnation ” … Par exemple , avant d’être chrétiens, nous étions des condamnés (v. 1), et pourtant nous vivions toujours…]
- Quel est le but de l’oeuvre du Christ selon le verset 4 ?
- vv 5-14 :
À la lumière des versets 5-8 seuls, pensez-vous qu’une cohabitation entre la chair et l’Esprit dans le chrétien serait possible ? Justifiez vos conclusions.Quels sont les indices aux versets 9-14 qui indiquent que cette cohabitation existe bel et bien ? [Si les gens ne voient pas d’indice, passe à la question suivante.]Aux versets 9-11 deux aspects de notre salut sont relevés comme étant en décalage. Quel est le décalage et comment et quand ce décalage sera-t-il résolu ?Ce n’est sans doute pas gratuitement que Paul relève ce décalage. Pourquoi le fait-il ? [Indice : remarquez la relation entre la chair et le corps au v. 13.]
Jusqu’à quand le chrétien aura-t-il donc cette cohabitation de la chair et de l’Esprit en lui ?
Selon le verset 12 le chrétien est débiteur non de la chair mais de l’Esprit. Pourquoi ? (voir surtout les versets 9-11).Quelles en sont les conséquences pour sa vie (v. 12-14) ? Quelle est la part de l’Esprit et quelle est notre part en cela ?
- v. 15-17 :
Dans le développement du texte qu’est-ce qui pourrait susciter de la crainte et un sentiment de servitude chez le chrétien ? [La lutte difficile contre le péché dans sa vie…]Comment Paul répond-t-il à ces craintes ? (v. 15-17)En quoi cette réponse donne-t-elle un coup de balai à ces craintes et au sentiment de servitude ?
QUESTION DE RÉSUMÉ
Selon ce passage, à quoi ressemble la vie chrétienne normale ?
APPLICATION
Rediscuter la déclaration du début.
On dit parfois : ” Je sais que je ne suis pas parfait(e), mais au fond de moi je suis bon(ne). ” Quel réponse pourrions-nous donner à la lumière de ce passage – notamment des v. 7-8.
À la lumière de ce texte, que diriez-vous à quelqu’un qui dit : ” Depuis que je suis devenu chrétien, je lutte contre le péché dans ma vie et pourtant je retombe souvent dans les mêmes travers. Je me demande des fois si je suis réellement chrétien. ”
Les versets 12-14 indiquent que l’indifférence vis-à-vis du péché dans notre vie est un problème mortel. Sur une échelle de 0 à 10, comment qualifieriez-vous votre lutte personnelle contre le péché dans votre vie ? Avez-vous des changements d’attitude à y apporter ? [ici la réponse n’est pas forcément à partager… Si votre contexte le permet, vous pourriez terminer en priant à deux ou à trois, remerciant Dieu pour le privilège d’être son enfant et lui demandant l’aide du Saint Esprit dans la lutte contre le péché.]