Pour accomplir son plan, Dieu utilise très souvent des humains. Parfois ceux-ci sont bien préparés à le servir, parfois l’appel est beaucoup plus surprenant ! Gros plan sur les top départs de parcours exceptionnels.
6. “Prends courage, je serai avec toi !” (Josué 1.1-10)
Josué ne part pas de rien, c’est un héritier. Mais celui à qui il doit succéder n’est pas n’importe qui : Moïse, celui qui peut avoir des entretiens particuliers avec Dieu comme s’il était son ami ! Reprendre le flambeau de ce mastodonte de la foi devait être très intimidant, d’autant plus à la tête d’un peuple aussi têtu. Que doit faire Josué pour que sa mission militaire se passe bien ? S’entraîner au combat corps à corps ? Acquérir des techniques d’attaque ou de siège ? Non ! Il reçoit deux ordres du “Grand Patron” : 1) Il doit prendre courage (4 fois) et 2) il doit lire, méditer et appliquer la loi chaque jour de sa vie. Des pratiques religieuses scrupuleuses peuvent-elles faire gagner une guerre ? 40 ans auparavant elles avaient bien réussi à faire plier l’homme le plus puissant du monde ! Si Josué obéit au Seigneur, il sera assuré de sa présence (4 fois), de sa fidélité et donc du succès dans la conquête de la terre promise. La parole que Dieu lui adresse ne doit pas trop le surprendre : jadis, son attitude lorsqu’il faisait partie des 12 espions chargés d’inspecter la terre promise montrait qu’il avait déjà bien compris comment les choses fonctionnaient. Devant un peuple incrédule, mort de peur à l’idée de conquérir des villes fortifiées et de combattre des géants, souvenez-vous de ce que Josué et son ami Caleb répondaient :
Le pays que nous avons parcouru et exploré est un excellent pays. Si l’Éternel nous est favorable, il nous y mènera et il nous donnera ce pays ruisselant de lait et de miel. Seulement, ne vous révoltez pas contre l’Éternel et n’ayez pas peur des gens de ce pays, car nous n’en ferons qu’une bouchée : leur ombre protectrice s’est éloignée d’eux ; tandis que l’Éternel est avec nous. Ne les craignez donc pas !
Nombres 14.7-9
Finalement, c’est un peu comme si Dieu confirmait à son serviteur ce qu’il sait déjà : qu’importe les moyens à disposition, quand on croit en ses promesses et qu’on fait ce que Dieu dit, des miracles se produisent !
5. “Je lui montrerai moi-même tout ce qu’il devra souffrir pour moi.” (Actes 9)
Quand Dieu appelle Saul, c’est un pharisien très attaché à la loi de Moïse qui pense que les chrétiens détournent des centaines de fidèles du temple, de ses sacrifices et qu’il est d’utilité publique de les éradiquer. Comme il est aussi intelligent que zélé, sa persécution est aussi méthodique qu’efficace. Comment Dieu va réagir face à cet ange de la mort qui porte à son paroxysme la vieille confrontation entre le Seigneur et les docteurs de la loi ? Va-t-il le foudroyer, le pulvériser en réponse à son aveuglement spirituel ? Non, il choisit de le rendre littéralement aveugle pour le faire réfléchir et ensuite re-diriger son zèle et son intelligence à son service. Alors qu’il allait à Damas pour arrêter des chrétiens, il va finalement y aller pour y prêcher la Bonne Nouvelle de Jésus ! C’est ainsi que le plus grand ennemi de l’Évangile est devenu son plus grand propagateur, que le chat est devenu la souris… et que l’Église a acquis son plus grand docteur. Après ce qu’il a vécu, il n’est pas étonnant que Paul soit devenu le grand théoricien de la Grâce imméritée. Finalement, il aura le privilège de retrouver les joies de la persécution… mais cette fois-ci en souffrant et en mourant comme son divin Maître.
4. “Fils d’homme, nourris ton corps et remplis ton ventre de ce rouleau que je te donne.” (Ézéchiel 2-3)
Un prêtre au chômage technique doit prêcher la repentance à des judéens en exil qui rejetteront son message. Voilà ce qui pourrait résumer le livre d’Ézéchiel… et l’appel qu’il reçoit de Dieu. Pas très encourageant pour un prophète de savoir dès le départ qu’il ne sera pas écouté ! Mais à mission particulière, moyens particuliers. Après lui avoir fait contempler une vision impressionnante (et non représentable) de la gloire de Dieu au chapitre 1, Dieu lui donne à manger un parchemin :
Je regardai : une main était tendue vers moi, tenant un livre-rouleau. Il le déploya devant moi : il était écrit en dedans et en dehors. Il y était écrit : Lamentations, plaintes, gémissements.
Il me dit : Humain, mange ce que tu trouveras, mange ce rouleau et va parler à la maison d’Israël ! J’ouvris la bouche, et il me fit manger ce rouleau. Il me dit : Humain, nourris ton ventre et remplis tes entrailles de ce rouleau que je te donne ! Je le mangeai, et il fut dans ma bouche doux comme du miel.
Ézéchiel 2.9-3.3
Vous trouvez ça normal ? Alors contactez votre psychiatre le plus proche. En fait, avec cette scène pour le moins étonnante le prophète fait siennes les paroles et même la pensée du Seigneur et il trouve cette expérience délicieuse, même si la mission est difficile. Tellement difficile que Dieu lui dit plusieurs fois de l’écouter, de ne pas se taire, de ne pas avoir peur (comme Josué). Et comme il va s’adresser à un peuple têtu (encore comme Josué), Dieu va endurcir Ézéchiel pour qu’il persévère dans sa mission de sentinelle à la fois capitale et inutile. Et comment, le fait-il ? Par le Saint-Esprit qui joue un rôle prépondérant pour rendre le prophète apte à comprendre et à accomplir ce que le Seigneur attend de lui (2.1, 3.12, 3.14). Et ceux qui ont lu la suite du livre savent qu’Ézéchiel aura besoin aura besoin de cette inspiration divine car il va dire et faire des choses vraiment déconcertantes durant son ministère ! Comme quoi, “Dieu donne ce qu’il ordonne”.
3. (Ésaïe 6)
Un siècle avant Ézéchiel, Ésaïe se trouve dans le temple de Jérusalem et là, Dieu et toute sa cour chantant ses louanges apparaît devant lui. Quel est le premier réflexe de ce prêtre devant ce spectacle ahurissant ? Il est terrifié car 1) nul ne peut voir Dieu est rester en vie (Exode 33.20), 2) il sait qu’il est pécheur et donc qu’il mérite d’être pulvérisé par Celui qui est parfaitement saint et 3) il est le représentant d’un peuple qui s’est détourné de la loi divine. Pour toutes ces raisons, Ésaïe a de quoi redouter un face à face avec son Créateur… et il n’a pas tort car un des serpents brûlants et volants (Seraphim) va le purifier en passant sur ses lèvres une braise qui sert habituellement à consumer les sacrifices qui annulent le Péché. Mais pourquoi sur la bouche ? À cause de la mission qui l’attend et à laquelle il aspire quand Dieu lance son appel : parler en son nom ! Et comme pour Ézéchiel, ce qu’il doit dire n’est pas fait pour être efficace : il va s’adresser à des personnes spirituellement aveugles, sourdes et insensibles. Heureusement, on voit dans la suite du livre que le prophète aura aussi le privilège d’annoncer la venue de Jésus le Messie… mais comme il a 7 siècles d’avance, il ne verra pas l’accomplissement de ce qu’il décrit. Avoir une vocation, ce n’est pas être quelqu’un d’exceptionnel mais c’est être rendu apte par le Seigneur à le servir. Le servir, ce n’est pas forcément voir des fruits positifs, des résultats mirobolants mais lui obéir tout simplement.
2. Jean, Jacques, Pierre et André (Matthieu 4.18-22)
Au bord du lac de Galilée, Jonas et Zébédée sont associés au sein d’une entreprise de pêche. Leurs quatre fils travaillent avec eux… enfin travaillaient ! Un jour, Jésus est passé à proximité de Pierre et André, puis de Jacques et Jean et il leur a dit : “Suivez-moi et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes.” Aussitôt, les deux paires de frères sont partis avec lui, laissant certainement les paternels assez stupéfaits (comme l’imagine cette excellente série de BD) ! La forme de l’appel du Seigneur est très intéressante : finalement, les disciples ne changent pas fondamentalement de travail (encore une preuve que Dieu ne demande pas forcément des choses complètement déconnectées du quotidien de ceux qu’il appelle) mais vont subir quelques changements. Au lieu de pêcher des poissons avec des filets, ce sera des humains grâce au Saint-Esprit. En fait, Jésus a certainement choisi ce corps de métier en référence au prophète Jérémie :
C’est pourquoi, des jours viennent – l’Éternel le déclare – où l’on ne dira plus : « L’Éternel est vivant, lui qui a fait sortir d’Égypte les Israélites » ; mais l’on dira plutôt : « L’Éternel est vivant, lui qui a fait sortir les Israélites du pays du nord et de tous les pays où il les avait chassés. » Je les ramènerai dans leur pays que j’ai donné à leurs ancêtres.
– Oui, je vais envoyer des pêcheurs en grand nombre, et ils les pêcheront, déclare l’Éternel, et j’enverrai des chasseurs en grand nombre, et ils les chasseront sur toutes les montagnes, sur toutes les collines et dans les fentes des rochers.
Jérémie 16.14-16
Pour l’époque de Jérémie, les pêcheurs étaient censés ramener des Judéens de Babylone après l’exil mais au 1er siècle la mission est de ramener les brebis perdues d’Israël vers le bon berger.
Mais avant de répondre à cette vocation et d’aller faire de toute les nations des disciples en les baptisant et les enseignant, ils vont avoir droit à une solide formation de 3 ans avec le Maître pendant laquelle ils vont l’observer, l’imiter, s’essayer, être repris par Lui. Dans les Actes des Apôtres, l’Esprit Saint ne crée par ex nihilo des disciples talentueux et efficaces : il “arrose” un terrain que Jésus avait déjà bien désherbé, labouré, semé et fertilisé. En d’autres termes, répondre à l’appel du Seigneur demande (au moins) autant de transpiration que d’inspiration.
1. Esther 4
Esther est Impératrice de Perse, le plus puissant empire du moment. Mais quand on lit la 1ère partie du récit de son histoire, on s’aperçoit qu’elle est très passive : Au départ, elle ne fait qu’obéir à son cousin Mardochée et ensuite, elle réussit socialement parce qu’elle gagne la faveur de tous, sûrement grâce à sa beauté et sa gentillesse (2.9, 2.16-17). Esther est l’archétype de la personne qui suit les règles et qui n’aime pas faire de vagues. C’est pourquoi, quand tout le peuple juif est condamné à mort par le méchant vizir Haman, elle explique à Mardochée qu’elle n’a pas le droit d’aller parler à son mari, l’empereur Xerxès pour arranger la situation ! Mais ce que lui dit Mardochée va lui donner l’électrochoc nécessaire :
« – Ne t’imagine pas qu’étant dans le palais impérial, tu seras épargnée à la différence de tous les autres Juifs ! 14 Bien au contraire ! Car si tu persistes à garder le silence dans les circonstances présentes, le salut et la délivrance viendront d’ailleurs pour les Juifs, alors que toi et ta famille, vous périrez. D’ailleurs, qui sait si ce n’est pas en vue de telles circonstances que tu es devenue impératrice ? » (4.13-14)
À partir de ce moment, elle devient active, si active que c’est maintenant Mardochée qui lui obéit :
« 16 – Va rassembler tous les Juifs qui se trouvent à Suse. Jeûnez pour moi, sans manger ni boire pendant trois jours et trois nuits. J’observerai de mon côté le même jeûne avec mes servantes. Ensuite, je me rendrai chez l’empereur, malgré la loi. Si je dois mourir, je mourrai ! 17 Mardochée partit et fit ce qu’Esther lui avait commandé.”
C’est ainsi qu’après une période “sois belle, gentille et tais-toi”, Esther va faire preuve de courage en se présentant devant Xerxès sans avoir été invitée… et va jouer le rôle que Dieu avait prévu de lui donner : sauveuse de son peuple ! Mais on peut tout de même observer qu’elle le fait en suivant les usages : elle organise 2 banquets. Comme quoi, rappelons-le une dernière fois, quand Dieu appelle des personnes à son service, il n’attend pas forcément d’elles des actions à contre-courant de leur personnalité. Il les place là où il faut pour effectuer (au moins) une action décisive quand il le faut. Mais cela ne veut pas dire qu’il est facile de répondre à sa vocation ! Il faut tout de même sortir de sa zone de confort. Quand elle a osé le faire, Esther a effectué un retournement de situation inespéré : Haman qui voulait faire mourir un juif (Mardochée) ne voulant pas se prosterner pas devant lui… finit par se prosterner devant une juive (Esther) pour ne pas mourir.
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