Toute personne qui lit la Genèse de manière suivie s’aperçoit que des éléments troublants se répètent bizarrement chez les personnages principaux. Comme si un (mauvais) héritage familial était transmis.
Voici un tableau qui vous permettra de comparer les points communs et les différences entre les descendants d’Abaham :
On peut aisément remarquer que les conflits entre frères font partie de l’héritage familial et qu’à chaque fois, les parents ont semé tout ce qui était nécessaire pour que la malédiction ne s’arrête pas. Mais il y a une autre chose aussi importante qu’incongrue : ce n’est jamais l’aîné qui hérite !
Et Dieu dans tout ça ?
Quand on regarde ce tableau (et qu’on lit l’histoire), on voit des habitudes très humaines, de mauvais réflexes transmis de génération en génération. Alors on peut se demander ce qui fait la différence entre ces trois élus et le reste de l’humanité. La réponse est le rôle qu’a joué Dieu sur leur position au sein de la famille et sur leur destin :
Tous ces “non-aînés” ne sont pas des usurpateurs car on sait très tôt dans chacun des récits que Dieu les a choisis. Il est intéressant de constater que celui qui a vécu les moments les plus intenses avec Dieu (Jacob pour ceux qui n’auraient pas compris) est celui qui avait le plus de problèmes moraux (hérités d’une famille très dysfonctionnelles). A contrario, celui qui est le plus droit (Joseph) n’a reçu aucune révélation spéciale de Dieu : est-ce parce que son père l’a (très bien) élevé après ses diverses rencontres déterminantes avec Dieu ?
Dieu “fait avec” le Péché
La lignée d’Abraham n’est pas d’une pureté exceptionnelle ni avant d’avoir été choisie par Dieu, ni après. Les problèmes d’incrédulité face aux promesses de Dieu, la jalousie et surtout le désir garder le contrôle sur les événements subsistent et s’amplifient au fil du récit. Pourtant Dieu reste fidèle, continue de se révéler et de redresser des situations parfois très scabreuses pour, au final, sauver tout le monde grâce aux péripéties de Joseph. Autrement dit, Dieu s’accommode des mauvaises traditions pour les transformer en bien et accomplir son plan de sauvetage. Pourtant, il faut s’empresser d’ajouter que ces habitudes générationnelles détestables ont engendré des mauvais choix et ont donc fait des victimes. Que de souffrances évitées si on avait pointé les dysfonctionnements pour les résoudre ! Mais, et c’est probablement le noeud du problème, on reproduit ce qu’on a soi-même vécu sans l’esprit critique qui interrogerait les pratiques et autres motivations qu’on croit trop souvent “naturelles”.
Et nous ? De quoi avons-nous hérité ?
Nous pourrions tous noter :
- Les habitudes (bonnes et mauvaises)
- Les façons d’agir (bonnes et mauvaises)
- Les réactions (bonnes et mauvaises)
Ensuite, nous pourrions louer Dieu pour ce que nous avons reçu de positif et lui demander l’assistance de son Esprit pour s’occuper des héritages plus douloureux. Enfin, nous pourrions prier pour que notre héritage soit dorénavant un outil entre Ses mains.
Promesse de la Nouvelle Alliance
« En ces jours-là, on ne dira plus : « Les pères ont mangé des raisins verts, et ce sont les fils qui ont mal aux dents. » Chacun mourra pour sa propre faute : tout homme qui mange des raisins verts, c’est lui-même qui aura mal aux dents. » Jérémie 31.29-30
Depuis que Jésus et le Saint Esprit interviennent dans l’histoire humaine, les malédictions familiales peuvent être cassées. Un chrétien peut naître de nouveau, d’en haut et marcher en nouveauté de vie avec Jésus pour Berger. MAIS cela ne veut certainement pas dire que le passé est aboli, effacé ! Tout chrétien continue de ressentir l’influence de son éducation, de ses anciens choix, de son caractère. Certains pourront dire “heureusement”, d’autres “malheureusement” mais Dieu dit surtout “je prends tout ce que tu es et je le transforme/redirige pour ma gloire”. Il y a donc – comme très souvent dans la Bible – un “déjà” et un “pas encore” : dès notre conversion Dieu nous utilise comme nous sommes mais Il va aussi progressivement, par l’action du Saint Esprit, nous guérir de traits de caractère et d’habitudes qui nous font souffrir, font souffrir les autres et surtout Le font souffrir.
Pourquoi Dieu ne règle-t-il pas tous nos problèmes d’héritage dès maintenant ?
- Ce serait trop douloureux : imaginez si Dieu mettait sous les yeux de chaque converti à Jésus, le devis de tous les travaux intérieurs qu’il y a à faire. Ce serait la crise cardiaque assurée ! Il vaut mieux pour notre santé mentale et physique que notre Divin Médecin y aille avec parcimonie.
- Il y a des choses très utiles pour le Royaume : Entre un défaut et une qualité, il n’y a parfois qu’un problème de dosage. La franchise peut, par exemple, être très bonne quand il faut mettre des mots sur un problème mais elle peut être dévastatrice quand il faut faire preuve de diplomatie. Et la diplomatie peut être excellente pour traiter une affaire épineuse qui pourrait s’enflammer alors qu’elle peut aussi très vite se transformer en lâcheté et même en mensonge. Comme dit plus haut, Dieu peut rediriger des défauts afin qu’ils deviennent des qualités spirituelles. Il y a plein de choses à garder dans un passé, fut-il parfaitement païen.
- Sa Grâce nous suffit : Pourquoi Onésime reste-t-il esclave alors qu’il devient le frère en Christ de son maître Philémon ? Pourquoi Paul continue-t-il de souffrir d’un mal mystérieux ? Pourquoi ne sommes-nous pas délivrés de pulsions qui nous pourrissent la vie ? Parce que Dieu a décidé de nous rappeler notre condition terrestre qui, par définition, est encore entachée de Péché. Jésus a choisi de se glorifier avec des personnes faibles, imparfaites comme nous et nous n’avons rien de meilleur à faire que d’accepter cet état de fait.
Après l’héritage subi, l’héritage promis !
Finissons par notre espérance : nous allons vers le meilleur !
Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ qui, selon sa grande compassion, nous a fait naître de nouveau, par la résurrection de Jésus-Christ d’entre les morts, pour une espérance vivante, pour un héritage impérissable, sans souillure, inaltérable, qui vous est réservé dans les cieux, à vous qui êtes gardés par la puissance de Dieu, au moyen de la foi, pour un salut prêt à être révélé dans les derniers temps.
1 Pierre 1.3-5