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Nos vies sont comme une danse sur la musique du temps. Avec le commandement du Sabbat dans Exode 20.8-11, Dieu a donné à cette musique un tempo basé sur les jours et c’est le 7ième qui en donne la mesure.
8 Pense à observer le jour du sabbat et fais-en un jour consacré à l’Éternel. 9 Tu travailleras six jours pour faire tout ce que tu as à faire. 10 Mais le septième jour est le jour du repos consacré à l’Éternel, ton Dieu ; tu ne feras aucun travail ce jour-là, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l’étranger qui réside chez toi ; 11 car en six jours, l’Éternel a fait le ciel, la terre, la mer, et tout ce qui s’y trouve, mais le septième jour, il s’est reposé. C’est pourquoi l’Éternel a béni le jour du sabbat et en a fait un jour qui lui est consacré.
Le Sabbat ancien
À ce stade de l’exode, le Sabbat avait déjà été institué un peu plus tôt par Dieu. C’était le saint jour de repos pendant lequel le peuple n’avait pas besoin de ramasser la manne. Ici, Dieu l’intègre aux 10 commandements, le résumé paradigmatique de la loi. Ce qui montre l’importance de ce temps.
Il s’agit de se souvenir de ce jour qui est saint, c’est-à-dire que c’est un temps consacré à Dieu pour tous les membres du peuple. Au v. 10, nous voyons une longue liste qui inclut tous les membres d’une maisonnée, même les bêtes. Le repos n’est pas un privilège des puissants. C’est parce que c’est un temps pour Dieu, que tout membre du peuple de Dieu quel que soit son statut hiérarchique, est appelé à se tourner vers son créateur.
Ce commandement fait d’ailleurs le lien entre les 4 premiers commandements qui concernent le rapport du membre du peuple à son Dieu et les 5 derniers commandements qui concernent le rapport des membres du peuple entre eux : c’est ensemble qu’ils se consacrent à Dieu.
Au v. 11, le Sabbat est relié à la création et le peuple est appelé à prendre comme modèle le Dieu créateur. L’aboutissement de la création était le repos de Dieu. L’homme est alors appelé à se reposer. Dans la Genèse déjà, ce jour était qualifié de « saint » c’est-à-dire consacré à Dieu. Ce jour était même un jour sans fin car le refrain « il y eut un soir puis un matin, ce fut le 7ème » est absent. Il n’y a pas de soir pour le repos de Dieu. Dieu avait accompli la création pour s’y reposer, c’est-à-dire en profiter en relation avec ses créations, et en particulier, avec l’homme. Celui-ci aussi est placé dans le jardin pour profiter de la création : « tu pourras manger de tous les arbres » (Gn 2.16) et pour vivre en relation avec Dieu. Mais le péché, prive l’homme de la présence de Dieu et est donc exclu de son repos. Et la condamnation à la pénibilité du travail le prive de pouvoir profiter de la création.
On peut alors voir le sabbat comme un rappel de la vie d’avant le péché. C’est un temps de grâce qui force l’homme à tourner ses yeux vers Dieu alors qu’il pourrait être tenté de fonder sa sécurité sur son travail plutôt qu’en Dieu. De plus, en interdisant le travail ce jour, Dieu force l’homme à prendre un temps pour profiter du fruit de son travail ce qui est aussi une manière d’honorer Dieu qui a donné la création à l’homme.
Le Sabbat nous montre quelque chose de la finalité de la vie par son organisation du temps qui est faite de manière à aboutir à Dieu. Il a créé les hommes pour vivre dans la création. Il donne avec ce commandement, un cadre qui aide l’homme soumis à la frustration de la création et à la vanité du péché à se tourner vers Dieu. La vie est une danse avec Dieu et pas avec le travail.
Le Sabbat nouveau
Mais si ce sabbat rappelle le temps d’avant le péché, il anticipe aussi le temps après le péché où l’homme pourra de nouveau retourner dans le repos de Dieu. C’est ce que Jésus vient accomplir. Face à des Pharisiens qui avaient détourné le sabbat de son but en poussant à tourner nos regards vers les règles plutôt que vers Dieu, Jésus se présente comme le maître du Sabbat (Mc 2.28). Parce qu’il apporte avec lui un repos bien meilleur, un repos éternel dans lequel nous jouirons enfin d’une communion parfaite avec Dieu, d’une communion les uns avec les autres. Un repos où nous seront naturellement et constamment tournés vers Dieu. Nous y entrons en recevant la bonne nouvelle par la foi (Hébreux 4.2-3) même s’il n’est pas encore totalement pour maintenant. Le croyant se situe entre la réalité de la création avec un sabbat nécessaire et la réalité de la nouvelle création avec un sabbat d’espérance.
Cette espérance du repos donne une nouvelle perspective sur notre rapport au temps puisque nous sommes appelés à nous engager dans tout notre temps en étant consacré à Dieu. Paul va encourager les croyants à mettre « à profit les occasions qui se présentent à » eux « car les temps sont mauvais » Éph (5.16) ce qui constitue la conclusion d’un encouragement à être « enfants de lumière » pour produire « ce que produit la lumière, tout ce qui est bon, juste et vrai » (Éph 5.9).
La tentation reste cependant toujours grande d’être pris dans un staccato d’activités incessantes qui pourraient nous faire oublier Christ dans notre quotidien. Alors ne nous laissons pas imposer le temps de notre monde mais arrêtons-nous à temps, avant d’être pris par le temps pour entrer dans le temps de Dieu afin que nos vies soient une mélodie harmonieuse que Dieu prend plaisir à écouter.