Le cœur du problème, c’est le cœur de Samson. Samson n’avait pas à cœur de servir Dieu et il a méprisé sa consécration.
Par Jessica Abe, pasteure des Églises évangéliques libres à Orléans
Le premier épisode de cette série est ici
Samson méprise sa mission
A chaque fois que Samson se bat contre les Philistins, c’est pour des raisons de vendetta personnelle. A aucun moment, il ne semble se préoccuper de sa mission de libérateur d’Israël. Le seul moment où il s’en approche, c’est quand il s’adresse à Dieu et se désigne lui-même comme « serviteur de Dieu » (15.18), mais c’est tout. Dieu utilise quand même Samson pour accomplir ses projets, mais c’est en quelque sorte « à l’insu » de Samson, et ça ne l’exonère pas de sa responsabilité.
Samson méprise les signes de sa consécration
D’une manière générale, Samson transgresse plusieurs fois la loi de Moïse, mais en plus il ne fait aucun cas des signes particuliers qui signifiaient qu’il était consacré à Dieu. On le trouve dès le début à un banquet, littéralement « une occasion où l’on boit ». Un étrange endroit pour un nazir qui devait s’abstenir d’alcool. Mais c’est surtout avec ses cheveux qu’on voit combien il a perdu le sens de sa consécration. Samson semble croire que sa force réside dans ses cheveux, comme dans une sorte de talisman. En fait, ces cheveux sont le signe de sa consécration à Dieu, le dernier signe qui lui reste. Mais quand ce signe lui est enlevé, Samson est « libéré » de toute obligation, il n’est plus au service de Dieu qui se retire de lui (16.21). Livré à lui-même, Samson ne résiste pas longtemps.
Samson a méprisé son appel au service de Dieu. Oui, il y avait des contraintes pour servir Dieu, mais est-ce que c’était si difficile ? Si dur à supporter ? Samson a choisi de s’en affranchir pour n’en faire qu’à sa tête. Mais est-ce qu’il devient libre ? Le voilà qui se retrouve, non plus serviteur du Dieu vivant, mais esclave d’une idole.
Condamné à servir une idole
Samson a les yeux crevés et il est mis en prison. Il doit faire le travail d’un âne : moudre le blé… le blé de Dâgon. Dâgon était la divinité principale des Philistins, c’était le dieu du blé. Samson avait brûlé des champs de blé alors qu’il était encore au service de Dieu, et on peut y voir un symbole de victoire sur Dâgon (15.5). Mais à présent Samson, qui voulait s’affranchir de son maître divin, se retrouve au service d’un autre maître, cruel et sans commune mesure avec le Dieu vivant. Oui, Samson découvre qu’il doit servir quelqu’un, et il découvre que son premier Maître était infiniment meilleur que celui qu’il se retrouve condamné à servir.
- Aujourd’hui beaucoup de gens pensent que servir Dieu, c’est perdre son temps, sacrifier sa vie. Ils pensent comme Samson qu’en suivant leurs propres penchants, ils feront les bons choix pour eux-mêmes. Ils pensent, comme Samson qu’ils peuvent s’engager dans des voies dangereuses et flirter avec les limites, ils restent les maîtres de la situation. Ils pensent, comme Samson, qu’en s’affranchissant de Dieu, ils seront libres. Mais ce ne sont que des illusions. Derrière, il y a toujours un esclavage plus ou moins déguisé, des contraintes, des influences, des pressions, des addictions parfois, et il n’y a pas de repos. On peut choisir son maître, mais on ne peut pas choisir si oui ou non on aura un maître. On en aura toujours un. La question se pose alors : lequel ?
Repris au service de l’Eternel (16.22-31)
Samson a goûté à l’esclavage amer chez Dâgon, et finalement, enfin, il demande à Dieu de le reprendre à son service. A ce moment-là, il est dans le temple de Dâgon, forcé de faire le pitre pour égayer les Philistins.
C’est à ce moment-là que Samson prie pour la deuxième et dernière fois dans tout le récit. Fidèle à lui-même, il veut toujours se venger personnellement (pour la perte de ses deux yeux)… mais le ton de sa prière est profondément sincère et humble. Il implore Dieu de lui rendre sa force une dernière fois, et Dieu le reprend à son service, comme libérateur d’Israël combattant contre les Philistins : Dieu exauce encore une fois sa prière, mais cette fois la conséquence n’est pas la survie, mais la mort de Samson. Et le narrateur mentionne à cette occasion, pour la seconde fois, que Samson a été chef en Israël pendant vingt ans (16.31). Samson « recolle » à son appel quand il se tourne vers Dieu et qu’il prie.
C’est une fin qui laisse un drôle de goût. D’un côté, il y a l’amertume de voir comment Samson a méprisé sa consécration, gâché ses dons et comment il a dû faire face aux conséquences terribles de ses mauvais choix. De l’autre côté, il y a le soulagement de voir que Samson a eu ce sursaut final, il s’est ressaisi, il s’est tourné vers Dieu, et surtout de voir la grâce rédemptrice de Dieu encore et toujours à l’œuvre même dans les situations les plus désespérées.
Vous et moi, nous allons chacun devoir servir quelqu’un. Alors, ce sera qui ? Nous avons l’immense privilège de connaître le Dieu vivant, d’avoir été appelés à son service. C’est le seul Maître qui soit digne de notre service, le seul qui soit plein de bonté, de patience, de générosité. Ce Maître nous invite : « Venez à moi, vous tous qui êtes accablés sous le poids d’un lourd fardeau, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez du repos pour vous-mêmes. Oui, mon joug est facile à porter et la charge que je vous impose est légère » (Mt 11.28-30). Alors servons Jésus, notre Maître et Sauveur, de tout notre cœur, acceptons son autorité et nous trouverons du repos.