1 Samuel 17.26 David demanda aux hommes qui se tenaient autour de lui :
– Qu’est-ce que l’on donnera à celui qui abattra ce Philistin et qui lavera le peuple d’Israël de la honte qui lui est infligée ? Qu’est donc cet incirconcis de Philistin, pour oser insulter les bataillons du Dieu vivant ?
27 On répéta à David ce qui était promis comme récompense à celui qui tuerait le géant. 28 Lorsque son frère aîné Éliab l’entendit discuter avec les soldats, il se mit en colère contre lui et lui dit :
– Que viens-tu faire ici ? À qui as-tu laissé nos quelques moutons dans la steppe ? Je te connais bien, moi, petit prétentieux ! Je sais quelles mauvaises intentions tu as dans ton coeur ! Tu n’es venu que pour voir la bataille !
29 David lui répondit :
– Eh ! Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Est-ce que je n’ai plus le droit de parler maintenant ?
30 Puis, il tourna le dos à son frère et alla se renseigner auprès d’un autre soldat, et on lui fit la même réponse que la première fois.
31 Ce que David avait dit se propagea rapidement et parvint jusqu’aux oreilles de Saül qui, aussitôt, le fit venir.
32 David lui dit :
– Que personne ne perde courage à cause de ce Philistin ! Moi, ton serviteur, j’irai et je le combattrai.
33 Mais Saül lui répondit :
– Tu ne peux pas aller lutter contre ce Philistin. Tu n’es qu’un gamin, alors que lui, c’est un homme de guerre depuis sa jeunesse.
34 David répondit à Saül :
– Quand ton serviteur gardait les moutons de son père et qu’un lion ou même un ours survenait pour emporter une bête du troupeau, 35 je courais après lui, je l’attaquais et j’arrachais la bête de sa gueule ; et si le fauve se dressait contre moi, je le prenais par son poil et je le frappais jusqu’à ce qu’il soit mort. 36 Puisque ton serviteur a tué des lions et même des ours, il abattra bien cet incirconcis de Philistin comme l’un d’eux, car il a insulté les bataillons du Dieu vivant.
37 Puis David ajouta :
– L’Éternel qui m’a délivré de la griffe du lion et de l’ours me délivrera aussi de ce Philistin. Finalement, Saül dit à David :
– Vas-y donc et que l’Éternel soit avec toi !
38 Puis il lui fit revêtir sa propre armure, il lui fit mettre un casque de bronze et endosser sa cuirasse.
39 Par-dessus son équipement, David ceignit aussi l’épée de Saül, puis il essaya de marcher, mais il n’y parvint pas, car il n’en avait pas l’habitude. Alors il dit à Saül :
– Je ne peux pas marcher avec tout cet équipement, car je n’y suis pas entraîné.
Puis il se débarrassa de tout.
Prétentieux ?
Quelles sont les motivations de David ? L’image qu’il a l’air de donner est celle d’un garçon un peu naïf et curieux, intéressé par la récompense. Pourtant, quand on y regarde de plus près, on constate que David est surtout soucieux de l’honneur de Dieu et de son peuple (26, 36). Et parce qu’il sait tout ce que Dieu est capable accomplir face à ses ennemis, il sait que la victoire est possible. Mais il ne s’appuie pas uniquement sur la réputation du Seigneur : David est un petit jeune certes ! Mais un petit jeune qui sait défendre son troupeau des prédateurs les plus dangereux. Quand on a déjà démonté un lion ou un ours, on n’est plus si impressionné par un géant ! David n’est pas prétentieux mais tout à fait conscient de ce qu’il est capable de faire et surtout de la toute puissance de son Dieu.
3 obstacles
Quand David arrive au camp, il reçoit les paroles rabaissantes dont seuls les grand(e)s frères/sœurs ont le secret : sa place est avec les moutons, pas à faire le mariole avec les soldats. Eliab le sermonne et tient à le cantonner à la place qui est la sienne. Pourtant David, en bon petit frère, s’en fiche et continue de se renseigner. Mais quand il parvient devant le roi, David est une fois de plus confronté à son âge : « tu n’es qu’un gamin ! », tu ne peux pas combattre un soldat de métier (géant en plus !). Pourtant David démontre qu’il est lui aussi expérimenté dans la mise en pièce de bêtes sauvages. Le troisième obstacles que rencontre David n’est pas lié au découragement mais à un moule inadapté : puisqu’il va aller se batte contre Goliath, il faut qu’il porte une tenue de soldat, de champion militaire. Mais ça ne correspond pas du tout à son profil ! Lui, il est rapide, agile et il n’utilise pas d’épée quand il fait paître son troupeau. David refuse donc cet équipement inutile pour utiliser les méthodes qui lui sont propres et qui ont fait leurs preuves.
Qui est raisonnable ?
Dans ces différentes scènes, nous avons des hommes grands, forts et expérimentés qui sont trop terrifiés pour aller combattre (et faire confiance à Dieu) mais qui envoient finalement un gamin faire le travail à leur place ! On peut discerner un manque de courage et de sagesse de leur part et probablement un énorme pouvoir de persuasion du côté de David. Il a cette espèce de courage infantile : Dieu est le seul Dieu, il est par conséquent le plus fort et comme nous sommes son peuple, nous sommes les plus forts grâce à Lui.
Il est obsédé par l’honneur de Dieu. Il ne pense pas à lui mais à la gloire de l’Éternel et c’est ce qui fait de David un homme selon le coeur de Dieu, quelqu’un que rien ne peut arrêter.
Jésus, l’anticonformiste
Jésus, le nouveau David, a toujours refusé les étiquettes et les carcans qu’on a voulu lui imposer. Il était sûr de son identité, de la mission que Dieu lui confiait et des méthodes qu’il devait employer. Cela a surpris, scandalisé, cela est allé jusqu’à une mort et une résurrection complètement déconcertantes mais cela a été totalement efficace. Heureusement pour nous que Jésus ne s’est pas laissé arrêter par la peur de ses ennemis ou la crainte pour sa bonne réputation ! Il a persévéré dans la voie que son Père lui avait préparé et il nous a sauvé la vie.
→ Comment voyons-nous le monde et notre mission ? Avec des yeux matérialistes qui s’arrêtent aux apparences, aux habitudes, aux choses basiques ? Ou bien avec des yeux qui voient aussi ce que Dieu a fait, ce que Dieu souhaite, ce que Dieu nous promet ? Il n’est pas du tout déraisonnable de prendre des risques pour un Dieu qui gère toutes choses par son Saint Esprit. Le livre des Actes regorge d’exemples où les apôtres tentent des stratégies qui sont validées ou contredites ou réorientées par le Seigneur. Nous pouvons être détendus et obéissants : Dieu sait ce qu’il fait !
→ Il y a beaucoup de choses, de personnes qui peuvent nous faire échouer dans notre mission de témoins du Seigneur Jésus : « Tu dois être comme ça ! », « tu dois faire comme ça ! ». Même si nous devons bien entendu tenir compte des conseils et de l’expérience de nos frères et sœurs dans la foi, nous avons aussi le devoir d’interroger les modèles, les habitudes qui devraient évoluer… car ça ne fonctionne pas/plus ! Nos particularismes (par définition un peu bizarres) peuvent être de vraies forces dans certaines situations. L’Église est constituée de membres très différents les uns des autres pour justement répondre à des situations très diverses.