1 Samuel 17.55 Lorsque Saül avait vu David s’avancer à la rencontre du Philistin, il avait demandé à son général Abner :
– De qui ce jeune homme est-il fils, Abner ?
Abner répondit :
– Aussi vrai que tu es vivant, ô Roi, je n’en sais rien.
56 – Alors, ordonna Saül, informe-toi donc pour savoir qui est le père de ce jeune homme.
57 Quand David fut de retour au camp après avoir tué le Philistin, Abner le prit et le conduisit devant Saül. David tenait encore en main la tête du Philistin. 58 Quand Saül lui demanda :
– De qui es-tu le fils, mon garçon ?
David lui répondit : Je suis fils de ton serviteur Isaï de Bethléhem.
1 Samuel 18.1 Quand David eut terminé de parler avec Saül, Jonathan s’était profondément attaché à David et s’était mis à l’aimer comme lui-même. 2 Saül ne le laissa pas retourner dans la maison de son père ce jour-là, il le prit chez lui. 3 Jonathan conclut un pacte d’amitié avec David parce qu’il l’aimait comme lui-même. 4 Il enleva son manteau et le donna à David, il lui offrit aussi son équipement et jusqu’à son épée, son arc et son ceinturon.
5 Chaque fois que Saül l’envoyait en expédition militaire, David accomplissait sa mission avec succès, de sorte que le roi lui confia le commandement de ses troupes de choc. Il était estimé de tout le peuple ainsi que des ministres de Saül.
6 Lorsqu’ils étaient revenus de la guerre, après que David eut tué le Philistin, les femmes étaient sorties de toutes les villes d’Israël à la rencontre du roi Saül en chantant, en dansant et en poussant des cris de joie au son de tambourins et de cymbales. 7 Elles chantaient en choeurs alternés, tout en dansant :
Saül a vaincu ses milliers
et David ses dizaines de milliers.
8 Saül le prit très mal et se mit dans une grande colère.
– Elles en attribuent dix mille à David, dit-il, et à moi seulement mille ! Il ne lui manque plus que la royauté !
9 À partir de ce moment-là, Saül regarda David d’un mauvais oeil.
10 Dès le lendemain, un mauvais esprit envoyé par Dieu s’empara de Saül, de sorte qu’il entra dans un état d’exaltation au milieu de sa maison. Comme les autres jours, David jouait de son instrument. Saül avait sa lance en main. 11 Soudain, il la lança en se disant :
– Je vais le clouer contre la paroi.
Mais, par deux fois, David esquiva le coup.
12 À partir de ce jour-là, Saül craignit David, car l’Éternel était avec David alors qu’il s’était retiré de lui. 13 C’est pourquoi Saül l’écarta d’auprès de lui et le nomma commandant d’un « millier » d’hommes. Ainsi David entreprenait des expéditions militaires à la tête de ses hommes. 14 Il réussissait dans tout ce qu’il entreprenait, car l’Éternel était avec lui. 15 Lorsque Saül constata ses grands succès, sa peur ne fit qu’augmenter. 16 Par contre, tout Israël et tout Juda aimaient David, car il marchait à la tête de leurs soldats dans les expéditions militaires.
Irrésistible ascension
Quand on parle de David en 17.55, on demande « c’est qui ? » mais à la fin de notre section, en 18.16, tout le royaume aime David. Entre temps, le berger est devenu le meilleur pote du prince héritier, commandant des troupes de choc et musicien de cour pour apaiser le roi. L’ascension de David est irrésistible et cela confirme bien entendu ce que l’on sait depuis le chapitre 16 : il a été oint pour être roi, il démontre ici toutes les qualités qui justifient le choix de Dieu. Tout est en place pour un passage flambeau entre l’ancien et le nouveau roi.
Irrésistible déchéance
Saül, de son côté, sait depuis le chapitre 15 que Dieu l’a rejeté et qu’il sera remplacé. Le succès grandissant de David lui fait officiellement de l’ombre et il commence à comprendre : « Il ne lui manque plus que la royauté ! » (8b) Mais au lieu d’accepter que c’est le plan de Dieu (annoncé par la prophète Samuel) qui s’accomplit, il va être dévoré par la jalousie jusqu’à vouloir éliminer son concurrent ! Mais bien sûr, comme David a été oint pour être le futur roi, il s’en sort toujours : quand Saül essaie de le transpercer de sa lance, il esquive (11b) et quand Saül l’envoie en expédition pour l’éloigner du pouvoir il revient auréolé de victoires (14) !
Esprit mauvais
Il y a une chose très ironique dans cette histoire : David est absolument nécessaire à Saül car sa musique l’apaise mais en même temps il lui est complètement insupportable (12) car il lui rappelle sa déchéance inéluctable. Donc quand David est là ça ne va pas et quand David est loin c’est encore pire ! Mais au fait, c’est quoi cet esprit mauvais ? Au chapitre 15 (14-23), on comprend facilement que le phénomène est lié au rejet de Saül et au choix de David. Ici, on voit qu’en plus du vide que l’Esprit de Dieu laisse dans son coeur, Saül est rempli par l’amertume, la jalousie, probablement même par la paranoïa.
Ça rappelle quelque chose
Le mauvais esprit envoyé par Dieu ressemble beaucoup au coeur de Pharaon endurci par Dieu pendant la période de l’Exode. Bien plus tard dans l’histoire biblique, l’apôtre Paul parlera à la fin de sa vie des méchants qui « s’enfonceront de plus en plus dans le mal, trompant les autres, et trompés eux-mêmes » (2 Tm 3.13) ou encore dans sa lettre aux Éphésiens de la trajectoire opposée des enfants de lumière et des enfants de ce monde. Se détourner de Dieu, renoncer consciemment à travailler pour l’avancement de son Royaume est tout sauf anodin. Même si ça ne se voit pas forcément tout de suite, c’est une véritable aliénation. Quand on est face à des personnes normales (qui n’ont pas le pouvoir et le degrés de rébellion de Pharaon ou de Saül), on a parfois l’impression que c’est compréhensible, que c’est de la neutralité, qu’on peut considérer comme raisonnable d’ignorer l’Évangile. Pourtant, c’est déjà un processus autodestructeur qui aura des conséquences dramatiques. Saül, Pharaon ou encore Juda Iscariot sont des versions ultimes de ce processus, ils ont atteint le point de non-retour mais tout ceux qui ne mettent pas leur foi en Jésus sont sur le même chemin et il faut qu’il fasse demi-tour avant de rejoindre ces tristes personnages bibliques. Car à partir d’un certain degrés de rébellion consciente contre l’Évangile, on pèche contre le Saint Esprit et il n’y a plus rien à faire.
→ Tant de nos contemporains compensent leur vide intérieur, leur mal-être en prenant des doses conséquentes d’alcool, de drogues, d’antidépresseurs ou tout simplement d’écrans. Ce que nous prenons pour du simple divertissement est souvent un moyen de soulager temporairement, comme la musique de David, la souffrance morale et spirituelle qui pourrait pourtant être pleinement soignée par une relation vivante et bienfaisante avec le Seigneur Jésus (voir ce que dit Blaise Pascal à ce sujet). Prions pour avoir des occasions de leur témoigner de notre foi afin qu’ils finissent par demander à Jésus de les guérir !
→ Avec ou sans prophète pour l’annoncer, le sens de l’histoire se sent assez tôt : on sait qui est en train de monter, de descendre, qui va craquer, etc. Reste à savoir comment on gère le cours des événements. En résistant quand les choses ne vont pas dans la direction qui nous arrange ? En accélérant pour « forcer le destin » et arriver le plus vite possible à ses fins ? En ignorant la situation en se disant que tout va bien se passer ? En priant pour être soumis à la volonté de Dieu et agir selon sa volonté, en son temps ? Et si nous nous contentions simplement de continuer à servir le Seigneur du mieux que nous pouvons, quelle que soit la conjoncture ? Finalement c’est ce qui explique le succès de David et la déchéance de Saül !