Par Léa Rychen, rédactrice en chef du média imagoDei.
Comment vous sentez-vous équipés pour partager l’Évangile ? Vous savez, ce merveilleux message de salut et de pardon, que Dieu nous adresse au travers de toute la Bible et qui trouve son apogée dans la vie et l’œuvre de Jésus-Christ. Est-ce qu’il résonne dans vos vies, dans vos discussions et dans vos prises de position, devant votre bol de céréales le matin, dans vos choix professionnels et sentimentaux, ou encore avant de rentrer dans l’isoloir pour voter ? Si tel est le cas, votre entourage vous posera nécessairement des questions. Et ces questions vous amèneront à expliquer votre foi dans le Dieu révélé en Jésus-Christ, et comment cette foi influence vos pensées, vos paroles et vos actes. Et là, précisément là, vous ferez de l’apologétique.
L’apologétique, c’est la défense raisonnée de la foi. Ce terme nous vient du grec apologia – apo signifiant « pour », logia« parole ». Faire de l’apologétique, c’est donc « parler en faveur de » : en l’occurrence, de la foi chrétienne. C’est un terme emprunté au langage juridique romain, et que l’on retrouve sous la plume de l’apôtre Pierre dans le verset suivant :
« Reconnaissez dans vos cœurs Christ comme Seigneur, et soyez toujours prêts à donner une défense devant quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, mais faites-le avec douceur et respect, en ayant une bonne conscience. » 1 Pierre 3:15 et 16
Le mot traduit en français par « défense » était, dans le texte original, apologia. Pierre y écrit à des chrétiens qui connaissent des problèmes à cause de leur foi. Ils vivent dans un monde qui ne comprend pas leurs choix et leurs croyances, un monde dans lequel la foi chrétienne semble étrange et suspecte. (Ça vous rappelle quelque chose ?) C’est dans ce contexte que Pierre enjoint ses lecteurs et lectrices à faire de l’apologétique.
Et concrètement, ça veut dire quoi ? Il s’agit tout d’abord de reconnaître dans son cœur Christ comme Seigneur, puis de vivre toute sa vie en fonction de sa seigneurie (devant le bol de céréales le matin, dans les choix professionnels et sentimentaux, dans l’isoloir, etc.). Ensuite, une fois que toute notre vie est transformée et que cela devient visible, il faut se tenir prêt·e à expliquer aux gens autour qu’il y a une raison qui nous fait penser, parler, et agir différemment, et que cette raison est Christ.
Vous noterez que Pierre suggère qu’il y a bien une raison derrière notre foi. C’est donc bien plus qu’une histoire de foi aveugle, de ressenti, ou de hasard ! Le mot employé par l’apôtre, logos, concerne la rationalité. Cela signifie que la foi peut s’expliquer, avec des explications : qu’elles soient scientifiques, historiques, philosophiques, ou encore personnelles. Il y a réellement des raisons de placer sa confiance en Jésus (d’où la définition « défense raisonnée de la foi »). Mais quelles sont ces raisons ?
C’est là qu’il est intéressant de creuser un peu les approches théoriques de l’apologétique, qui offrent différents types d’arguments en faveur de Dieu et de la foi chrétienne. (Je ne vous en donnerai ici que quelques exemples, mais les plus curieux se feront un plaisir d’étudier la littérature !)
Apologétique classique. Cette approche consiste à démontrer l’existence de Dieu par la raison, notamment les arguments philosophiques, logiques et scientifiques. Une fois que l’on a établi la rationalité de l’existence de Dieu, on montre que seul le Dieu de la Bible correspond aux critères d’une telle rationalité. (Quelques auteurs : Saint Augustin, Thomas d’Aquin, William Lane Craig ou encore, plus proche de nous, Alexis Masson.)
Apologétique pragmatique ou empiriste. Cette approche consiste à étudier des preuves, surtout historiques autour de la vie, la mort et la résurrection de Jésus. On cherche à démontrer l’historicité et la plausibilité du christianisme dans ses affirmations fondamentales en faisant concourir diverses sciences et disciplines, telles que l’histoire. (Quelques auteurs : C. S. Lewis, Gary Habermas, Lee Strobel, Jésus, l’enquête.)
Apologétique présuppositionnaliste. Cette approche consiste à étudier les présupposés qui sous-tendent toute croyance pour faire apparaître les contradictions de toutes les visions du monde ou religions autres que le christianisme. Il s’agit ensuite de montrer que seule la vision biblique du monde est cohérente. (Quelques auteurs : Cornelius Van Til, John Frame, Yannick Imbert.)
Apologétique culturelle. Cette approche consiste à montrer que la foi chrétienne est pertinente et attrayante à travers tout ce qui fait partie de notre culture : œuvres d’art, publicités, messages politiques, tendances culturelles, etc. Le but est de créer des ponts avec la culture environnante pour montrer comment Dieu vient répondre à ses aspirations, ses besoins, ses questionnements de façon unique. C’est notamment ce que s’attache à faire le média imagoDei.
Au fil de la discussion, et selon les appétences et connaissances des interlocuteurs, l’une ou l’autre catégorie apparaîtra comme plus opportune. Peut-être avez-vous déjà votre favorite ! Quoi qu’il en soit, l’apologétique ne doit jamais devenir ni une bataille d’arguments, ni un exposé philosophico-théologique. Selon le principe de 1 Pierre 3:15 et 16, l’objectif est bien de vivre la foi chrétienne dans tous les domaines de nos vies, pour ensuite susciter des conversations, et de profiter de ces conversations pour partager l’Évangile.
Pour aller plus loin :
Une foi, des arguments : Apologétique pour tous. Dir. éditorial : Lydia Jaeger – Alain Nisus, La Maison de la Bible, 2021.
Le média imagoDei.fr
Le podcast Sagesse et Mojito
Léa Rychen
Créatrice de contenus, elle aime écrire et réfléchir aux interactions entre la culture et la foi. Ses articles, chroniques radio, conférences ou podcasts présentent différents aspects de l’apologétique : la défense raisonnée de la foi chrétienne.