David en fuite III : Qu’est-ce qui me guide ?

1 Samuel 22.1 David partit de là et se réfugia dans la grotte d’Adoullam. Ses frères et toute sa famille l’apprirent et ils descendirent l’y rejoindre. 2 Tous ceux qui se trouvaient dans le désarroi, qui avaient des créanciers ou qui étaient mécontents se rassemblèrent auprès de lui, et il devint leur chef. Il y eut avec lui environ quatre cents hommes.

3 De là David s’en alla à Mitspé de Moab. Il dit au roi de Moab : Permets, je te prie, à mon père et à ma mère d’émigrer chez vous, jusqu’à ce que je sache ce que Dieu fera de moi. 4 Il les conduisit devant le roi de Moab, et ils restèrent avec lui tout le temps que David fut dans la forteresse.

5 Gad, le prophète, dit à David : Ne reste pas dans la forteresse ; va-t’en et rentre au pays de Juda. David s’en alla et se rendit dans la forêt de Héreth.

6 Saül apprit que l’on avait des renseignements sur David et sur les hommes qui étaient avec lui. Saül était assis sous le tamaris, à Guibéa, sur la hauteur ; il avait sa lance à la main, et tous les gens de sa cour se tenaient près de lui. 7 Saül leur dit : Ecoutez, je vous prie, Benjaminites ! Le fils de Jessé vous donnera-t-il aussi à tous des champs et des vignes ? Fera-t-il de vous tous des chefs de mille et des chefs de cent ? 8 En effet, vous avez tous conspiré contre moi, et personne ne m’informe de l’alliance de mon fils avec le fils de Jessé. Aucun de vous ne souffre à mon sujet ni ne m’informe que mon fils a dressé mon serviteur contre moi, afin qu’il me tende une embuscade – voilà pourquoi il en est ainsi en ce jour.

9 Doëg, l’Edomite, qui se tenait à la tête des gens de Saül, répondit : J’ai vu le fils de Jessé venir à Nob, auprès d’Ahimélek, fils d’Ahitoub. 10 Ahimélek a interrogé pour lui le SEIGNEUR ; il lui a donné des vivres, il lui a donné l’épée du Philistin Goliath. 11 Le roi fit appeler Ahimélek, fils d’Ahitoub, le prêtre, et toute sa famille, les prêtres qui étaient à Nob. Ils se rendirent tous auprès du roi. 12 Saül dit : Ecoute, je te prie, fils d’Ahitoub ! Il répondit : Oui, mon seigneur ? 13 Saül lui dit : Pourquoi avez-vous conspiré contre moi, toi et le fils de Jessé ? Pourquoi lui as-tu donné du pain et une épée, et as-tu interrogé Dieu pour lui, afin qu’il se dresse contre moi et me tende une embuscade ? – Voilà pourquoi il en est ainsi en ce jour. 14 Ahimélek répondit au roi : Qui donc, parmi tous les gens de ta cour, est sûr comme David, le gendre du roi, lui qui est affecté à ta garde personnelle et qui est considéré dans ta maison ? 15 Est-ce aujourd’hui que j’ai commencé à interroger Dieu pour lui ? Sûrement pas ! Que le roi ne mette pas l’affaire à ma charge ni à celle de personne de ma famille, car je ne sais pas un traître mot de tout cela. 16 Le roi dit : Tu mourras, Ahimélek, toi et toute ta famille. 17 Et le roi dit aux gardes du corps qui se tenaient près de lui : Tournez-vous et mettez à mort les prêtres du SEIGNEUR, car eux aussi ont prêté la main à David ; ils ont su qu’il s’enfuyait et ils ne m’ont pas informé. Mais les gens du roi ne voulurent pas porter la main sur les prêtres du SEIGNEUR pour les exécuter. 18 Alors le roi dit à Doëg : Vas-y, toi, exécute les prêtres. Alors Doëg, l’Edomite, alla ; c’est lui qui exécuta les prêtres ; il mit à mort, ce jour-là, quatre-vingt-cinq hommes portant l’éphod de lin. 19 Il passa au fil de l’épée Nob, la ville des prêtres ; hommes et femmes, enfants et nourrissons, boeufs, ânes, moutons et chèvres furent passés au fil de l’épée.

20 Un seul fils d’Ahimélek, fils d’Ahitoub, échappa. Son nom était Abiathar. Il s’enfuit pour suivre David. 21 Abiathar dit à David que Saül avait tué les prêtres du SEIGNEUR. 22 David dit à Abiathar : J’ai bien compris, ce jour-là, que Doëg, l’Edomite, se trouvant là, ne manquerait pas de le dire à Saül. C’est moi qui ai causé la mort de toute ta famille. 23 Reste avec moi, n’aie pas peur, car celui qui en veut à ma vie en veut aussi à ta vie ; près de moi tu seras bien gardé.

1 Samuel 22

Entourage

Nous avions quitté David très esseulé et en cavale, nous le voyons maintenant entouré par sa famille et tous les mécontents du peuple. Quand nous lisons la suite, on comprend pourquoi il était urgent que les proches de David s’enfuient avec lui ! Les autres ont aussi un intérêt fiscal ou idéologique à rejoindre la rébellion forcée du fils de Jessé, si bien que le voilà à la tête d’une petite troupe hétéroclite. La priorité de David semble être de mettre ses parents en sécurité (3), c’est pourquoi il choisit de séjourner dans un autre pays en guerre contre Saül qui a aussi l’avantage d’être la terre natale de sa grand-mère Ruth : un choix moins risqué que la Philisitie ! Mais, chose toujours utile, le futur roi a aussi un prophète à ses côtés et il lui annonce qu’il doit retourner dans son pays. Pourquoi faire puisqu’il est danger et sans refuge ? La suite va nous le dire.

Délire paranoïaque

Alors que David rassemble des proches autour de lui, Saül se sent seul au milieu des siens, les accusant de trahison. Il pense que tout le monde est contre lui, qu’on lui préfère David malgré les avantages financier qu’il donne au membre de sa tribu (7). Il aurait voulu qu’on lui dénonce les agissements supposés criminels de Jonathan ! Mais tout ça c’est seulement dans sa tête. Jonathan n’a jamais eu le projet de trahir son père, les benjaminites ne voient probablement David que comme un bon gendre et un bon général. Les justifications d’Ahimélek le Grand-prête (14-15) ont tout l’air d’être représentatives de l‘opinion que le peuple se fait de David. Saül, lui, a un mauvais esprit qui embrouille sa perception de la réalité et qui va le pousser à aller toujours plus loin dans la folie destructrice.

Injustice et justice en même temps

Dans sa paranoïa maladive, Saül va jusqu’à massacrer un village de prêtres de l’Éternel (18-19) ! Ne redoute-t-il pas une grosse malédiction en privilégiant son intérêt personnel à celui du Seigneur ? Tout son entourage ne s’y trompe pas et refuse de procéder à l’exécution des personnes garantes du système sacrificiel d’Israël. Le roi va donc devoir s’appuyer sur Doëg, un païen, pour commettre l’irréparable. Pourquoi Dieu laisse-t-il un tel blasphème se produire ? Parce qu’il est l’accomplissement de la malédiction du Grand-Prêtre Éli, le mentor du prophète Samuel :

1 Samuel 2.27 Un jour, un homme de Dieu vint trouver Éli et lui dit :

– Voici ce que déclare l’Éternel : « Est-ce que je ne me suis pas clairement fait connaître à tes ancêtres et à leur famille quand ils vivaient encore en Égypte, esclaves du pharaon ? 28 Je les ai choisis parmi toutes les tribus d’Israël pour qu’ils exercent le sacerdoce pour moi en offrant les sacrifices sur mon autel, en brûlant l’encens, et pour qu’ils portent le vêtement sacerdotal devant moi. Je leur ai attribué une part de viande de tous les sacrifices consumés par le feu offerts par les Israélites. 29 Pourquoi donc méprisez-vous les sacrifices et les offrandes qui me sont destinés et que j’ai ordonné d’offrir dans ma demeure ? Pourquoi honores-tu tes fils plus que moi en vous engraissant des meilleurs morceaux des sacrifices que mon peuple Israël vient m’offrir ? » 30 Puisqu’il en est ainsi, voici ce que moi, l’Éternel, le Dieu d’Israël, je déclare : « J’avais promis à ta famille et à celle de tes ancêtres que vous seriez toujours chargés du service devant moi. Mais à présent, moi l’Éternel, je le déclare : c’est fini ! Car j’honorerai ceux qui m’honorent, mais ceux qui me méprisent seront à leur tour couverts d’opprobre. 31 Voici que le temps va venir où je briserai ta vigueur et celle de ta famille, de sorte qu’on n’y trouvera plus de vieillard. 32 Alors que tout ira bien pour Israël, tu verras la détresse au sujet de ma demeure et personne n’atteindra plus jamais un âge avancé dans ta famille. 33 Cependant, je maintiendrai l’un des tiens au service de mon autel, mais ce sera pour épuiser tes yeux à pleurer et pour t’affliger, et tous tes descendants mourront dans la force de l’âge. 34 Ce qui arrivera à tes deux fils, Hophni et Phinéas, sera pour toi un signe : ils mourront tous deux le même jour. 35 Ensuite, je me choisirai un prêtre fidèle qui agira selon ma pensée et mes désirs. Je lui bâtirai une dynastie qui me sera fidèle et qui officiera en présence du roi auquel j’aurai accordé l’onction. 36 Ceux qui subsisteront dans ta famille viendront se prosterner devant lui pour obtenir une obole et un morceau de pain, et ils lui diront : De grâce, accorde-nous une charge sacerdotale quelconque à côté de toi, pour que nous ayons du moins quelque chose à manger. »

Il a fallu attendre quelques décennies, toute la vie d’adulte de Samuel, pour que la quasi-totalité de la descendance d’Éli soit décimée. Comme plusieurs autres personnages bibliques, Saül accomplit volonté de Dieu par accident, par un acte coupable. Ainsi il est évidemment en tort… même s’il a servi Dieu sans le savoir. Oui, même en essayant de garder le contrôle sur la situation Saül est toujours contrôlé par Dieu.

Conformément à la prophétie, un reste de descendance d’Élie survit en la personne d’Abiathar qui rejoint les rangs de David. Maintenant on comprend pourquoi il est rentré en Israël ! Avoir un Grand-Prêtre (en plus d’un prophète) avec soi c’est toujours très utile, on le verra par la suite. 

Ça rappelle quelque chose qui va arriver

Un pouvoir prêt à tout pour se maintenir, un roi en devenir qui agglomère des petites gens et un jugement prévu depuis longtemps qui s’abat, ça ne vous rappelle rien ? Quand Jésus le roi naît, Hérode massacre tous les enfants pour garantir son maintien au pouvoir. Et une fois adulte, le prêtre et pharisiens vont aller jusqu’à orchestrer un procès truqué et une manipulation des foules pour le faire crucifier. Jésus de son côté est un roi rejoint par des personnes communes, par des malades et des gens à problèmes qu’il va s’employer à restaurer tout en leur annoncant qu’il va leur attirer des ennuis. Enfin, au travers de ses paraboles Jésus va prédire la fin d’un système, l’accomplissement d’un jugement prévu par les prophète de l’Ancien Testament : ceux qui travaillaient pour Dieu (dans la vigne) vont finir par tuer son propre fils mais ils finiront par être totalement disqualifiés et le temple détruit. À la fin ne reste que celui qui rassemble les rôles de David (roi), de Gad (prophète) et d’Abiathar (prêtre) : Jésus qui envoie ses petites gens (nous) pour témoigner qu’il est vraiment ressuscité. 

Jésus est assis à la droite du Père et son Esprit agit sur terre pour sauver toute personne qui se reconnait malade. Il a vaincu Satan, il a vaincu la mort et il reviendra pour pleinement régner sur une nouvelle terre. Nous aussi nous règnerons avec lui mais en attendant nous sommes, comme David, dans une lutte sanglante contre le prince de ce monde « rempli de rage car il sait qu’il lui reste très peu de temps ». (Ap 12.12) 

Applications

  • La trajectoire est bonne : depuis 2000 ans l’Évangile est prêché et accepté par des milliards de personnes qui ont accès au Salut en Jésus et nous faisons partie de cette histoire. Mais attention à ne pas mal comprendre cette période : comme Jésus l’avait promis, la guerre spirituelle est extrêmement violente ! Ne soyons donc pas étonnés que notre route ne soit pas pavée de succès plus extraordinaires les uns que les autres. Notre vie est chaotique, on ne comprend pas tout ce qui nous arrive et c’est normal car nous ne régnons pas encore avec Jésus sur une nouvelle terre débarrassée du Mal. Ce que Jésus nous demande c’est de lui rester fidèles et obéissants quelles que soient les circonstances. Même si cela peut parfois être difficile à croire, le Seigneur gère tout ce qui arrive alors occupons-nous de réagir tel qu’il nous l’a enseigné.
  • L’attitude incontrôlable de Saül est une très bonne illustration de l’attitude que nous pouvons aussi avoir parfois (de manière moins excessive probablement) : ma situation est injuste et incompréhensible, or j’estime être une victime dans son bon droit donc je vais pourrir mon environnement pour avoir raison et qu’on me rende justice. La victime qui devient le bourreau, c’est vieux comme le monde ! Sauf que souvent, on n’est pas 100 % victime (on a participé à ses propres problèmes) et surtout on n’est pas le centre du monde. Ruminer en soi-même augmente la frustration, la révolte, le désire de revanche ou de vengeance alors que prendre du recul en mettant le Seigneur au centre du monde permet de s’en remettre à sa justice. Cela n’empêche pas de régler le problème humainement parlant (en discutant, dénonçant, en faisant appel à des médiateurs ou à une autorité) mais cela remet le problème entre les bonnes mains. C’est ce que dit Paul dans Romains 12.20 : « Mes amis, ne vous vengez pas vous- mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu, car il est écrit : C’est à moi qu’il appartient de faire justice ; c’est moi qui rendrai à chacun son dû. » 
  • L’attitude de David face cette situation est très inspirante pour nous : à l’inverse de Saül il se laisse guider par Dieu. Lisez le Psaume 31 telle une prière pour être dans le bon état d’esprit face à l’injustice.

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