Marc 5.1-20 Les habitants de Gérasa : La peur et le cœur mal placé
Après les péripéties sur le lac, les disciples arrivent avec Jésus de l’autre côté à Gadara ou Gérasa. Malgré l’incertitude de la ville exacte, on sait qu’il s’agissait d’une ville non-juive de la Décapole (ensemble de dix villes qui formaient une ligne à l’est du Jourdain).
Dans notre texte, on constate la présence d’élevage de porc, ce qui confirme le caractère non-juif de la ville.
Jésus et ses disciples arrivent sur ce rivage et tombent sur un homme (enfin, ce qu’il en reste) : il habite dans les tombeaux, il crie et se mutile. Il est très violent avec lui et avec les autres. On doit régulièrement l’attacher avec des chaînes, mais il est si fort et si véhément qu’il arrive même à casser ses liens. Il fait peur à tout le monde et on imagine que, lui aussi, vit dans la peur.
Marc prend son temps pour nous décrire les conditions de vie du possédé afin de nous pousser à la compassion. On veut que Jésus intervienne, qu’il débarrasse ce pauvre homme de l’esprit impur nommé « légion » (parce que les démons qui l’habitent sont nombreux).
Mais la peur dont parle ce texte n’est pas principalement celle produite par les démons et le possédé mais plutôt celle que produit Jésus.
Jésus fait peur aux démons. La façon dont ils interpellent Jésus montre déjà qu’ils le craignent : ils ont peur de ce que Jésus, le Très Haut, peut leur faire. Ils ont bien raison, car Jésus, le Fils de Dieu, pourrait précipiter ou anticiper leur ruine finale et les détruire entièrement. Les démons savent que le jour du jugement, lorsque la liberté relative dont ils jouissent maintenant se terminera, sera pour eux un châtiment final et terrible. Ils ont peur de cela et demandent à Jésus un délai.
Mais Jésus fait aussi peur aux habitants de la ville qui sont terrifiés à la vue du miracle et ils lui demandent de partir. Pourquoi ont-ils si peur de Jésus alors qu’à priori, il vient de mettre un terme à une situation qui terrorisait toute la ville ?
Parce que leur cœur n’est pas placé au bon endroit.
Remplacer une dépendance par une autre
A la lecture, on est étonné que Jésus accède à la demande des démons. Depuis quand Dieu est conciliant et bienveillant avec les démons ? Certes, ils finissent par se noyer et sont finalement anéantis, mais pourquoi ne pas les anéantir directement ?
Il semble que cela a pour but de mettre en valeur le fait que les habitants de Gérasa ont plus peur du manque à gagner financier, que des démons. Ils n’ont pas de compassion pour le jeune homme. Jésus leur fait peur parce qu’il va changer les conditions matérielles de leur vie, ce dont ils sont totalement dépendants et cela les effraie. Si on leur enlève leurs revenus (leurs porcs), ils ne sont plus rien. La santé mentale de l’homme n’est rien pour eux par rapport à cette peur de manquer, par rapport à leur dépendance à l’argent.
Ils n’ont pas le cœur placé au bon endroit et par conséquent, ils n’ont pas peur des bonnes choses.
Pensez à ce qui vous fait peur. Qu’est-ce que cela dit de votre cœur ?
Pensez à ce que vous avez peur de perdre, est-ce que votre attachement à cela est plus fort que votre attachement à Dieu ?
Pensez à ce qui vous fait vous sentir en danger, est-ce que vous pensez que cette chose est vraiment plus puissante que Dieu ?
Nos peurs révèlent nos idoles et elles révèlent souvent que notre cœur n’est pas placé au bon endroit.
Si notre cœur appartient d’abord et totalement à Dieu, alors nous pouvons dire comme David :
« L’Éternel est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je peur ? L’Éternel est le soutien de ma vie : qui devrais-je redouter ? Si une armée prend position contre moi, mon cœur n’éprouve aucune crainte. Si une guerre s’élève contre moi, je reste malgré cela plein de confiance. Même si mon père et ma mère viennent à m’abandonner, l’Éternel m’accueillera. Oh ! si je n’étais pas sûr de voir la bonté de l’Éternel au pays des vivants …
Espère en l’Éternel ! Fortifie-toi et que ton cœur s’affermisse ! Espère en l’Éternel ! »
Nos peurs viennent de nos dépendances, de ce qui est primordial pour notre cœur. Si nous dépendons que de l’Éternel, nous aurons moins peur.
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